Cet immeuble d’habitation, construit entre 1952 et 1954, est situé au flanc d’une colline d’Alger surplombant le boulevard Camille-Saint-Saëns et en contre-bas du boulevard du Télemly.
Œuvres des architectes André Cazalet et Michel Solivères, cet immeuble légèrement courbé et haut de 19 étages, eu très vite les honneurs de la presse grâce à son ossature en acier hors du commun, et à une esthétique particulièrement réussie.
Mais beaucoup de voisins se plaignirent que cet édifice de 75 mètres de hauteur ne leur cache désormais la vue sur la ville basse et la mer dont ils bénéficiaient jusqu’alors.
L’ensemble, haut de 75 mètres, se compose d’un socle béton armé à quatre niveaux, qui occupe la totalité du terrain (soit 2.700 mètres carrés) et qui supporte sur le tiers environ de cette surface, quatre blocs d’appartements juxtaposés de quinze étages chacun.
La partie libre sur le socle, est aménagée en jardin d’enfants.
Le socle comporte, au rez-de-chaussée, un local commercial ouvrant de plain-pied sur la rue Calmels. Dans les trois étages supérieurs, on trouve des studios en bordure des rues Lafayette et Calmels, et des boxes pour voitures dans la partie centrale. Le premier étage est de plain-pied avec le niveau bas de la rue La Fayette.
Les blocs d’habitation comprennent au rez-de-chaussée: magasins et locaux commerciaux de plain-pied avec la partie haute de la rue Lafayette et un jardin d’enfants.
Du premier au quinzième étage, les cent cinq appartements de 3, 4 et 5 pièces (sept par étage) sont desservis par sept ascenseurs et quatre escaliers. Les salles de bains, les toilettes et les cuisines sont placées à l’arrière. Les 3 pièces sont tous dans le premier bloc. Les 4 et 5 pièces sont tous dans le bâtiment principal. Tous les appartements bénéficient d’une grande loggia.
L’ossature métallique soudée constitue la principale caractéristique de cet immeuble de grande hauteur. Son poids total est 1.150 tonnes. Elle a été montée en 8 mois. Elle fut réalisée par les Ateliers Dufour, une entreprise crée en 1902 à Alger par André Dufour, un jeune ingénieur tout juste venu de Nantua. Cette entreprise s’étant spécialisée dans la construction de structures métalliques, a réalisé un très grand nombre d’ossatures métalliques pour des immeubles d’habitation, mais aussi celles de l’Hôtel des Postes, de la Préfecture, des Galeries de France ainsi que de celles de nombreuses gares et caves viticoles.
Les poteaux verticaux composés de deux IPN jumelés ont été positionnés pour laisser un espace suffisant pour laisser passer entre eux, lors du montage, les poutres transversales IPN. Ces poteaux, préparés en atelier par tronçons de la hauteur deux étages, étaient soudés après avoir été mis en place.
Les poutres horizontales, constituées par des IPN continus, de façade à façade, furent ensuite assemblées aux poteaux par l’intermédiaire de goussets de renforts soudés à l’avance en atelier sur les poteaux.
Les solives sont des IPN 80 et IPN 100 qui constituèrent les armatures inférieures du plancher fer -béton.
« Puis on fixa les longrines longitudinales, composées de deux solives, sur les poteaux. On procéda ensuite au bétonnage des poteaux, préalablement équipés d’étriers extérieurs en fils d’acier de 5 mm de diamètre. On coula le béton en deux fois, sur la hauteur d’un étage, d’abord entre le plancher et le plafond, puis en même temps que les planchers, sur la hauteur comprise entre les goussets d’assemblage des poutres avec les poteaux. La mise en place de la continuité parfaite du béton a été obtenue par vibration. Pour l’exécution des planchers, on a utilisé des hourdis formés de caissons en héraklith, calés sur les solives. Des caissons analogues viennent également coffrer les longrines longitudinales entre les poteaux et les poutres transversales. Seules, les rives en façade ont nécessité un coffrage spécial en bois. Enfin, le ferraillage et le coulage du plancher en béton ont suivi régulièrement la pose de ces caissons ».
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