France Habitat collectif

Bâtir autrement : ‘’Les Buffets’’ à Fontenay-aux-Roses

Alors qu’en cette fin des années 50 les tours et les barres d’HLM se multiplient aux quatre coins de l’Hexagone, l’architecte Guy Lagneau et ses associés de l’agence LWD (Michel Weill et Jean Dimitrijevic) avec Jean Perrottet lui préfèrent des immeubles plots de 5 étages répartis au milieu d’un vaste espace vert.

Construit entre 1956 et 1958, ce magnifique ensemble de logements H.L.M. a ainsi obtenu en 1959 le prix de l’Équerre d’Argent et en 1960 le Prix National d’Architecture. 

Les Buffets prennent ainsi le contre-pied des Grands Ensembles avec l’architecture impersonnelle et monotone des chemins de grues

L’annonce du projet

Annonce du projet par la SCIC – Archives Municipales

Le Groupe ‘’Les Buffets’’ à Fontenay-aux-Roses

Architecture Française, numéro 205/206, octobre 1959

Guy Lagneau, architecte

Ce groupe d’habitations, réalisé pour le compte de la Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts, comporte 261 logements HLM du type B répartis en 11 bâtiments. Ces logements sont de 5 types : Type 0 : 1 pièces de 17 m2 – Type I : 1 pièce de 26 m2 – Type II : 2 pièces, soit 42 m2 – Type III : 3 pièces, soit 56 m2 – Type IV : 4 pièces, soit 68 m2 

L’ensemble résidentiel se décompose en 4 groupements plus petits de 75 à 100 logements réalisant des unités de voisinage qui correspondent aux souhaits des sociologues et des urbanistes. Ces unités se développent autour d’un espace libre intérieur qui assure l’unité du groupe d’habitations. Grace aux accès situés à la périphérie du terrain, on a obtenu une séparation complète entre piétons et automobiles.

La construction de ce type de groupement s’est avérée intéressante par la souplesse d’organisation du chantier. L’échelonnement de la mise en œuvre des différents bâtiments permet, en effet, une bonne répartition des équipes de travail des différents corps d’état. Le matériel utilisé étant du type léger, une seule grue suffit par bâtiment. 

Plan du rez-de-chaussée – Architecture Française, 1959 
Plan d’un étage courant – Architecture Française, 1959 

L’organisation des logements a été étudiée en vue d’une utilisation optimale des surfaces et crédits autorisés dans le cadre de la législation sur l’aide de l’État.

Les chambres sont de surface réduite mais ceci est corrigé par la liaison séjour-chambres d’enfants et par la délimitation qu’elle permet d’un espace de jeux de surveillance facile pour la mère de famille.

La conception d’un plan de bâtiment à noyau central d’accès des appartements a permis, sans perdre de surface de traiter les circulations collectives avec une certaine ampleur. Cet esprit qui a présidé à l’organisation du plan se retrouve dans le traitement général de l’architecture des bâtiments.

Les espaces libres ont été distribuées en fonction d’un plan précis combinant pelouses, promenades et jeux d’enfants. Des pistes bituminées pour le patin à roulettes séparent la zone des grands enfants des terrains réservés aux petits.

Un tel aménagement du terrain a été rendu possible malgré une densité élevé (307 habitants à l’hectare) grâce à la conception des bâtiments dont la forme ramassée (5 niveaux, escalier central) permet une organisation intéressante des unité de voisinage et garde un contact intime avec le sol tout en le libérant largement.

Les Buffets, vue d’ensemble, Architecture Française, 1959
Façades – Architecture Française, 1959

CONSTRUCTION

Le mode général de construction comporte une ossature complète (poteaux, poutres et planchers-dalles) en béton armé vibré avec cloisonnements en briques de 7 cm ou en aggloméré de ciment de 15 cm.

La couverture en terrasse est protégée par une étanchéité multicouche. Les façades sont constituées par l’ossature visible, revêtue d’un enduit de ciment blanc, dans laquelle viennent s’intégrer des panneaux préfabriqués de trois sortes : panneaux pleins (précadre profilé acier et panneau de 6 cm d’épaisseur, face extérieur et intérieure en hêtre bakélisé ; âme isolante en fibres de bois aggloméré), panneau-châssis et allège bois (précadre comprenant l’appui de fenêtre, châssis coulissant en aluminium et l’allège en bois bakélisé), ou encore panneau-châssis et allège en verre (précadre , châssis coulissant en aluminium, bandeau de bois bakélisé, allège en verre armé fixé par des parcloses en aluminium).

Les escaliers ont des limons en acier et des marches en chêne. Les sols sont revêtus de grès cérame dans les espaces communs et les salles d’eau, et de parquet en pin des Landes sur isolation dans les séjours et les chambres. La menuiserie en bois comporte : porte d’immeuble et boîtes aux lettres en acajou verni, revêtement de la cage d’escalier en pin des Landes, portes isoplanes pour les appartements et leurs placards.

L’équipement des appartements comporte : évier à 2 bacs et chauffe-eau à gaz dans les cuisines, baignoire et lavabo alimentés par une robinetterie mélangeuse à bec mobile, flexible et pomme de douche, w.-c. avec réservoir de chasse incorporé.

L’appareillage électrique est du type électro-sécurit encastré, un chauffe-bain électrique équipe les appartements de 2 et 4 pièces. 

La peinture des pièces a été réalisée en vinylique pour les cuisines, séjours et chambres, et en glycérophtaliques dans des salles de bains. 

Les fermetures sont assurées par des volets roulants au rez-de-chaussée et des stores vénitiens à lames orientable aux étages. 

La télévision est prévue à partir d’un répartiteur placé aux étages.

Le chauffage central est assuré par une chaufferie située dans un des bâtiments. Elle fonctionne au fuel léger et alimente des radiateurs en fonte.

Escalier central – Architecture d’Aujourd’hui, 1960
Séjour et coin repas – Architecture d’Aujourd’hui, 1960
Le coin repas vu de la cuisine – Architecture d’Aujourd’hui, 1960
La cuisine vue du coin repas – Architecture d’Aujourd’hui, 1960

‘’Les Buffets’’ aujourd’hui

Preuve de la qualité de cette architecture, les habitants interrogés et qui y habitent depuis de nombreuses années l’apprécient tout particulièrement. Seul défaut, le manque d’isolation phonique, mais il s’agit là d’une tare propre à pratiquement tous les bâtiments de cette époque. Il y a quelques années, les logements de plusieurs bâtiments ont été vendus et ne sont plus la propriété du bailleur social.   

L’ensemble a fait l’objet d’une rénovation importante en 2023. L’isolation thermique par l’extérieur qui a été posée est plutôt réussie. Pour compenser le niveau trop bas de certaines allèges, des barres d’appui ont été posées aux fenêtres. Le bailleur social a fait poser des volets roulants et a fait installer des ascenseurs. 

SOURCES :

  • ‘’ Groupe ‘’Les Buffets’’ à Fontenay-aux-Roses ’’, Architecture Française, n° 205-206, 1959
  • ‘’ Les Buffets, à Fontenay-aux-Roses ‘’, L’Architecture d’Aujourd’hui, n°87, 1960
  • ‘’ Le chantier contre les grands ensembles ’’, Pierre Lemarchand, Mémoire du séminaire de Master «Faire de l’Histoire», sous la direction de Françoise Fromonot, Marie-Jeanne Dumont et Mark Deming, École Nationale Supérieure de Paris-Belleville, 2019