Avant-guerre, il n’existait que trois lycées dans la banlieue parisienne : à Vanves, Sceaux et Neuilly. A la Libération, la décision est prise de créer au Raincy un lycée, mais il ne s’agit encore d’une annexe du lycée Charlemagne.
Le chantier débute en 1954. Il sera inauguré en 1959, année durant laquelle il devient un lycée à part entière. Situé dans le parc de l’ancien château du Raincy, le lycée Albert Schweitzer, œuvre de l’architecte Raymond Petit, bénéficie d’une architecture très élégante, qui a heureusement été préservée au fil des années
Les services du ministère de l’Éducation Nationale ont choisi, pour l’édification du lycée du Raincy, un terrain magnifique, boisé, sensiblement accidenté et pourvu d’un étang.
Bien que d’une contenance de plus de 4 hectares, le terrain pouvait cependant paraître relativement restreint pour satisfaire au développement d’un ensemble de bâtiments nécessaires à la vie de 2.2.50 élèves. L’architecte s’est donc efforcé de ne faire sur le terrain que des emprises minimes et a pris le parti de concentrer tous les locaux d’enseignement en un seul bâtiment qui, de plus, se trouve comme suspendu au-dessus des espaces de verdure (et l’on pourrait ajouter le long de la clôture donnant sur le boulevard. n.d.l.r.). En effet, sauf les vestibules, le rez-de-chaussée sert uniquement d’abri et de circulation générale épousant les ondulations du terrain en lui redonnant son aspect naturel et toute son étendue.
Le lycée est mixte. Il comprend 73 salles d’enseignement (les classes d’enseignement général font 58 m2, celles d’enseignement spécialisés, 70), un service de demi-pension pour 1.000 rationnaires répartis en deux services. Un ensemble sportif complète l’ensemble (…).
Le bâtiment le plus important est celui de l’enseignement dont les locaux se répartissent sur trois étages, couvrant au rez-de-chaussée les bureaux de l’administration, les vestibules, blocs sanitaires ; et forment abri à l’air libre sur la plus grande étendue. Le lycée proprement dit repose sur une plateforme de béton suspendue au-dessus du sol qui conserve ainsi son aspect naturel. Cette plateforme est soutenue par des piliers de béton situés en retrait des façades et constitue, côté parc, une large circulation continue abritée, libre de tout point d’appui n’entravant pas les ébats des élèves sur plus de 200 mètres.
Toutes les études spécialisées, sciences physiques et naturelle, histoire et géographie, langues, se trouvent au troisième étage, les premier et deuxième étages contenant les classes d’enseignement général. Également au premier étage et reliées à la galerie de l’administration par un escalier d’honneur, se situent les bibliothèques des professeurs et des élèves qui servent pour les conférences, le cinéma et les expositions temporaires.
Enfin, dans un quatrième étage partiel, les salles dessin qui reçoivent des éclairages naturel et artificiel disposés pour faire varier les effets d’ombre et de lumière.
Le second bâtiment est constitué par les deux salles d’éducation physique avec leurs services d’hydrothérapie. Elles peuvent être réunies pour servir de salle des fêtes. Une piscine couverte complète l’ensemble. A un mur tympan plein est accolé un amphithéâtre de verdure.
Le troisième bâtiment renferme les salles à manger avec leurs services de cuisine ainsi que les salles de travaux manuels éducatifs pour les garçons et pour les filles, et des logements (…).
Enfin le quatrième bâtiment, le plus petit et à rez-de-chaussée seulement, est constitué pour les habitations des chefs d’établissement, directrice pédagogique et intendant (…).
Les ossatures sont apparentes, en béton armé bouchardé sur une trame de 6,25 mètres formant, pour le bâtiment d’enseignement long de 220 mètres, une ordonnance régulière derrière laquelle les parties vitrées au maximum sur le parc, et les trumeaux relativement réduits séparant les différents locaux d’enseignement de longueur diverses, rendent une expression vivante.
Le léger galbe en plan du bâtiment – galbe apparent obtenu par tracé polygonal à côtés rectilignes de 6,25 m. ne nécessitant donc aucun coffrage courbe – fait valoir le bâtiment. Entre les ossatures, les parois de remplissage sont revêtues de plaques de terre cuite émaillée de couleur chrome s’harmonisant avec la verdure.
Les planchers sont constitués de dalles préfabriquées sur nervures.
Le chauffage par rayonnement est assuré par les plafonds composés de plaques métalliques chauffées au contact de serpentins dans lesquels circulent l’eau chaude. Ce système a l’avantage de ne déplacer aucune poussière, de ne pas présenter de canalisations apparentes, bin que visitables facilement, de permettre d’utiliser le vide ainsi constitué entre les plafonds bruts et fini comme gaine pour canalisations de tous genres particulièrement nombreuses sous les locaux de sciences physiques. De plus, ces plaques métalliques perforées, permettent une isophonie très efficace des locaux.
Chaque local d’enseignement est pourvu d’une seule baie de 6,25 mètres, ou de 9,37 mètres suivant qu’il s’agit de classes d’enseignement général ou de classes spécialisées. Ces baies sont munies de menuiseries métalliques à châssis coulissants permettant l’ouverture au maximum sur l’extérieur et la verdure, donnant ainsi à la classe l’impression de plein-air.
Tous les locaux d’enseignement sont enduits à l’intérieur en ciment sur deux mètres de haut et sont coupés en hauteur en trois bandes de couleurs claires dans les hauts. Teintées en parties médianes, plus soutenues en soubassements. Leur tons variables selon les séries de classes, s’allient à l’ensemble par la teinte uniforme des menuiseries.
Il a été fait un large emploi des techniques relativement neuves bien qu’éprouvées, et à l’intérieur des locaux, par leurs volumes simples, leurs surfaces lisses, élaguées de tuyauteries poussiéreuses et d’appareils de d’éclairage pendants, donne une sensation de calme et de confort.
A l’extérieur, les constructions, bien que composées de grands volumes, apparaissent suspendues au-dessus des jardins et alternativement noyés dans les parties boisées où émergeant de la verdure. Divers motifs de sculptures, fresques et verrières décoratives parachèvent l’ouvre contribuant à instruire en égayant.
Des travaux d’extension sont entreprise en 1992- 1994. Une grande partie du préau du rez-de-chaussée du bâtiment principal fut vitrée pour accueillir de nouvelles classes. Le restaurant scolaire fut lui aussi agrandi.
L ‘édifice fut inscrit au titre des Monuments historiques en 2002.
Une nouvelle rénovation menée en 2002 a notamment permis de restaurer les décollements de mosaïques, la dégradation des carreaux de céramique et les épaufrures dans le béton armé.
SOURCES :