Si par sa forme carrée et sa grande hauteur, il ne paraît pas très différent des gratte-ciel classiques, le Building Alcoa de Pittsburgh ne révèle pas moins une saisissant originalité.
La construction du nouveau siège de la Compagnie Américaine de l’Aluminium à Pittsburgh au début des années 50 a en effet permis des recherches sur l’utilisation et la mise en œuvre de l’aluminium dans le BTP à une échelle jusque-là inhabituelle.
Elle marque aussi la volonté de ses dirigeants de montrer au lendemain de la Seconde Guerre mondiale une autre image de cette ville industrielle de la Côte Est des Etats-Unis.
La fin de la Seconde Guerre mondiale va contraindre les industries, en particulier celles reposant sur la production et la transformation de l’acier et de l’aluminium omniprésentes dans la région de Pittsburgh, à se reconvertir. Heureusement, la croissance de la population américaine, le développement de la société de consommation, et des programmes fédéraux comme l’American Housing Act of 1949 et le the Federal-Aid Highway Act of 1956, vont offrir de nouveaux débouchés à l’économie de la Pennsylvanie.
Pittsburgh va ainsi connaître une période de prospérité qui va s‘accompagner par une transformation radicale de la ville. D’autant que le niveau de pollution va nettement diminuer avec la nouvelle législation obligeant les industriels à traiter leurs rejets de charbon. Pittsburgh va progressivement perdre son surnom de ‘’Smoky City’’.
La fin de la Seconde Guerre mondiale va contraindre les industries, en particulier celles reposant sur la production et la transformation de l’acier et de l’aluminium omniprésentes dans la région de Pittsburgh, à se reconvertir. Heureusement, la croissance de la population américaine, le développement de la société de consommation, et des programmes fédéraux comme l’American Housing Act of 1949 et le the Federal-Aid Highway Act of 1956, vont offrir de nouveaux débouchés à l’économie de la Pennsylvanie.
Pittsburgh va ainsi connaître une période de prospérité qui va s‘accompagner par une transformation radicale de la ville. D’autant que le niveau de pollution va nettement diminuer avec la nouvelle législation obligeant les industriels à traiter leurs rejets de charbon. Pittsburgh va progressivement perdre son surnom de ‘’Smoky City’’.
Preuve de cette transformation, l’Aluminium Company of America, l’entreprise fondée en 1888 à Pittsburgh par Charles Martin Hall, va demander au cabinet d’architectes new-yorkais Harrisson & Abramovitz de construire un nouveau siège social qui magnifie les usages de l’aluminium.
Les architectes vont ainsi concevoir et réaliser une tour de 30 étages presqu’entièrement en aluminium : les façades du bâtiment sont revêtues de panneaux en aluminium, la tuyauterie intérieure est en aluminium, les gaines de la climatisation sont en aluminium, tout comme le chauffage radiant installé dans les faux-plafonds est en aluminium…. C’est, au dire de ses concepteurs, le building le plus léger qui soit.
ALCOA avait déjà acquis une expérience appréciable de la mise en oeuvre de l’aluminium comme matériau constructif à l’occasion de la construction de son usine de laminage de Davenport (lowa). Des études beaucoup approfondies furent menées pendant plusieurs années en vue de généraliser son emploi dans le bâtiment, en particulier pour le nouveau siège social de la société. Une maquette de deux étages fut construite à Astoria (New-York) dans le but de tester grandeur nature différents composants. Ces recherches ont mis en évidence les économies considérables rendues possibles, grâce à l’utilisation de l’aluminium, par l’allègement de tous les éléments non porteurs des structures.
Voici comment L’Architecture Française la décrit dans son numéro 143/144 paru en 1954 : « La Compagnie ALCOA désirait en effet que cet immeuble qui allait lui permettre de regrouper ses différents services dispersés dans la ville, serve également de démonstration des techniques classiques et de nouvelles utilisation de l’aluminium dans la construction.
Le résultat, après plusieurs années de recherches et de mise au point est le gratte-ciel le plus léger qui soit connu.
Le bâtiment est haut de 29 étages sur rez-de-chaussée. Il comporte en outre deux sous-sol et un dernier étage partiellement en terrasse. (A l’origine, à l’exception du 7ème et du 15ème étages, tous les étages du 2ème au 28ème sont aménagés en bureaux. Le 7ème étage est occupé par un auditorium. Le service médical est installé au 15ème étage, c’est-à-dire à mi-hauteur pour être le plus facilement accessible. n.d.l.r.).
L’ossature est constituée d’acier enrobée dans du béton cellulaire pour la protection contre le feu. Les planchers sont en panneaux cellulaires d’acier et de béton recouverts de carreaux en plastiques ou de moquette. Les murs extérieurs sont composés de panneaux de 3,60 m de haut sur 1, 80 m de large, en aluminium emboutis, doublés intérieurement de ciment vermiculite projeté sur une trame en aluminium strié. C’est cette ”peau en aluminium” qui rend l’aspect du bâtiment aussi originale. (Un habillage similaire a été utilisé en 1952 pour la façade du nouvel immeuble de la Fédération Nationale du Bâtiment, rue La Pérouse à Paris. n.d.l.r.)
Les cloisons intérieures fixes ou mobiles ont des structures en aluminium. Les plafonds sont en éléments d’aluminium perforés avec un chauffage et une climatisation l’été. Des diffuseurs, également en plafond, assurent la ventilation et le complément nécessaire de rafraichissement pendant les mois les plus chauds.
Toutes le installations électriques, la plupart des conduits et des tuyauteries sont en aluminium.
Les éléments de façade en aluminium embouti sont fixés sur des cornières en aluminium. Ils ont une forme pyramidale plate enfoncée pour assurer la tenue du panneau malgré sa faible épaisseur. Les panneaux sont doublés par des tôles en aluminium striée sur lesquelles est projeté un béton léger. Les fenêtres sont à double-vitrage et sont réversibles pour permettre leur nettoyage. L’étanchéité est assurée par des tubes en caoutchouc synthétique suivant le pourtour du châssis ».
Voici maintenant des extraits de l’article publié en mars 1954 dans la revue La Construction Moderne
“La construction a été faite en retrait sur l’alignement de 4 m environ d’un côté et de 2,40 m environ de l’autre afin d’améliorer les conditions d’éclairage et de ventilation et de laisser l’espace nécessaire à des plantations d’arbustes et massifs de fleurs en façade.
Le vestibule de l’entrée principale s’ouvre sur un hall monumental, d’une hauteur de 4 étage et demi, qui a été détaché intentionnellement de la construction : un effet d’échelle accuse la hauteur impressionnante de la ‘’tour’’ qui s’y accole. Ce hall, surmonté d’une toiture en aluminium, est égayé par de hautes baies vitrées à double paroi montées dans des châssis en aluminium. Sa structure est suspendue à deux grosses poutres en porte à faux qui débordent du 5ème étage. Il a été construit en réalité de haut en bas.
La majeure partie de l’équipement de l’immeuble est logée dans le 31ème étage : machinerie des ascenseurs, tour de refroidissement d’eau, systèmes de chauffage et de réfrigération. Au même niveau, on trouve aussi la salle de conférences de la direction et un promenoir – le plus large du bâtiment – agrémenté de parterre de fleurs et flanqué d’un patio d’où l’on peut contempler de haut l’agitation du quartier le plus animé de la grande cité industrielle.
Le montage de l’ossature en acier, revêtue d’une peinture en aluminium, a été un véritable travail de précision en raison des tolérances serrées fixées pour la mise en place des panneaux de mur extérieurs. Les poteaux en acier devaient être d’aplomb à moins de 10 mm de leurs côtes exactes. Un contreventement a été nécessaire à chaque étage à cause de la faible valeur du rapport largeur/hauteur de l’édifice (1/7 environ).
Les revêtements extérieurs ont été réalisés au moyen de panneaux d’aluminium jointifs qui habillent l’édifice d’une ‘’peau’’ en aluminium lui conférant un aspect particulier qui est une des caractéristique essentielle de la construction.
C’est surtout grâce au mode d’assemblage adopté qu’il a été possible de réduire dans des proportions inhabituelles le poids de l’ossature en acier : ces panneaux d’une hauteur d’étage, sont en effet fixés par des boulons sur des consoles-équerres en acier fortement galvanisé, lesquelles sont elles-mêmes fixées par boulonnage sur des ancrages soudés sur les poutres de parement.
Les panneaux utilisés de 1,8 m x 3,60 m ont été obtenus par emboutissage à la presse hydraulique dans une tôle d’alliage d’aluminium à 5% de silicium de 3 mm d’épaisseur. Chaque panneau s’engage à sa partie inférieur dans une pièce en forme de pyramide renversée de 18 cm d’épaisseur qui augmente sa rigidité en améliorant son aspect esthétique. A 38 mm en arrière des panneaux, il a été mis en place un muret en béton à l’épreuve de l’incendie. Ce type de muret assure un excellent isolement thermique et une insonorisation efficace.
Il convient de noter qu’en France un habillage du même type a déjà été réalisé sur la façade du nouvel immeuble de la Fédération Nationale du Bâtiment, rue La Pérouse à Paris”.
Commencés en 1951, les travaux s’achevèrent en 1953. Au tournant du siècle, ALCOA va toutefois transférer son siège dans un immeuble plus récent et mieux adapté à ses besoins. L’ex-siège historique de l’un des leaders mondiaux de l’aluminium va alors être réaménagé : si on y trouve toujours des bureaux dans les étages inférieurs, les étages supérieurs ont été transformés en de logement spacieux . Il est désormais connu sous le nom de Regional Enterprise Tower.
JL V
FICHE TECHNIQUE :
SOURCES :