C'est le progrès

Années 50 : la découverte du portier robot

Les nouvelles exigences de la construction moderne dans les grandes villes amènent de plus en plus à grouper, dans un même immeuble, le plus grand nombre possible d’appartements.

Dès lors se pose un certain nombre de problèmes aussi bien techniques qu’humains. Parmi ces derniers, il convient de noter la question de la surveillance des appartements et de la direction des visiteurs vers les locataires.

Dans une pareille collectivité, le rôle du concierge devient de plus en plus difficile. Un seul homme ne peut, à la fois, surveiller les entrées et les sorties d’un immeuble d’importance, renseigner les visiteurs, les diriger vers les locataires, distribuer le courrier, contrôler la propreté des locaux, etc…

On voit se développer au début des années cinquante à l’entrée des immeubles ce que nous dénommons aujourd’hui des interphones. C’est ce que nous explique cet article publié en 1953.

Et quand bien même l’organisation de la conciergerie le permettrait-elle, en admettant que le concierge puisse, jour et nuit, faire fonction de ‘’dispatcher’’, il ne pourra se livrer aux opérations de filtrage et se bornera à devenir un indicateur d’étage ou d‘escalier.

C’est pourquoi, en face d’une telle tendance, a-t-on été amené de plus en plus à installer dans les immeubles d’importance, des concierges électroniques, des portiers-robots, qui, sans remplacer le concierge, sont susceptibles de pallier certaines de leurs insuffisances.

Le portier-robot a l’avantage de mettre, dès le hall, le visiteur en contact acoustique avec le locataire intéressé, à permettre une conversation rapide entre les deux interlocuteurs, à permettre au visiteur d’aller jusqu’à l’appartement, à bon escient, et au locataire de ne pa ouvrir à des inconnus ou des indésirables.

Les progrès de la technique et notamment de l’électronique, alliée à la téléphonie en haut-parleur, ont permis, le lancement sur le marché de complexes répondant aux exigence les plus larges.

Comment se présente un portier-robot ?

Examinons rapidement la description et le fonctionnement d’un concierge électronique.

Dans le hall de l’immeuble se trouve un ‘’poste de hall’’, constitué par une platine chromée qui porte en regard de chaque nom de locataire un bouton de sonnerie classique. Il comprend, en outre, deux ou trois voyants, dont nous examinerons plus loin le rôle, un haut-parleur et un microphone, l’un et l’autre encastrés et protégés par une grille.

Une notice d’utilisation très succincte complète le poste et donne au visiteur les quelques indications nécessaires pour se servir de l’appareil.

Ce poste de hall est relié à un central automatique qui assure la jonction avec chaque appartement et le secret des conversations.

Les postes d’appartement sont constitués par des appareils muraux ou de table et comportent, dans la plupart des cas, un écouteur, un haut-parleur microphonique et une lampe témoin.

Enfin, l’amplificateur permet la conversation de vive voix et donne aux postes d’appartement comme au poste de hall la possibilité de parler et d’écouter sans avoir à effectuer de manœuvre sur une clé ‘’écoute-parole’’, la communication étant électronique.

Comment fonctionne cet appareil ?

Le visiteur, dans le hall, appuie sur le bouton de sonnerie placé sur le poste de hall et correspondant au locataire qu’il désire voir. La sonnerie tinte dans l’appartement intéressé, tandis que, dans le central téléphonique, un sélecteur recherche la jonction demandée. Quand cette jonction est trouvée, une lampe s’allume sur le poste de hall. La sonnerie continue à tinter dans l’appartement du locataire tant que le visiteur appuie sur le bouton, mais il ne se passe plus rien dans le central téléphonique.

Le locataire répond à l’appel en décrochant l’écouteur de de son poste.

Les lampes de l’amplificateur sont toujours alimentées, mais par un courant à faible tension, de façon à éviter leur usure prématurée et une trop grande consommation de courant.

Dès que l’écouteur du poste d’appartement est décroché, l’amplificateur reçoit un courant à haute tension qui permet la conversation immédiate. Le locataire entend, dans l’écouteur, la voix du visiteur. Pour lui répondre, il parle en direction du haut-parleur microphonique encastré dans le poste d’appartement.

Le visiteur n’a aucun écouteur à tenir. La voix du locataire lui est transmise par le haut-parleur encastré dans la partie supérieure du poste de hall, et il parle en direction du microphone encastré dans la parie inférieure du poste de hall.

Durant la conversation, le locataire et le visiteur n’ont aucune manœuvre à effectuer. Quand la conversation est terminée, le locataire raccroche son écouteur,  ce qui a pour effet de remettre au repos l’amplificateur dont la haute tension est coupée et qui n’est, dès lors, plus alimentée que par un courant de basse tension.

Bien entendu, durant toute la conversation, le secret est assuré. Un locataire, en décrochant son écouteur, ne pourrait entendre une conversation en cours.

Nous avons vu que lorsque la conversation est terminée, le locataire, en raccrochant son écouteur, remet l’amplificateur au repos et rend le circuit libre. La plupart des dispositifs prévoient en cas d’oubli de raccrochage de la part du locataire, un circuit spécial, qui, au bout d’u certain temps, déplace automatiquement le chercheur vers une ligne de repos, afin de mettre l’amplificateur au repos et libérer le circuit de conversation.

Comme on le voit, le fonctionnement de l’appareillage étant avant tout, automatique et commandé par des circuits électroniques, l’éducation du locataire, comme elle du visiteur, est presque instantanée.

D’autres dispositifs peuvent être inclus

Autour de ce dispositif de base, divers circuits supplémentaires peuvent être prévus.

C’est ainsi que l’on peut installer sur le poste de hall un voyant spécial qui s’allume quand un locataire a voulu indiquer son absence. L’allumage de ce voyant, qui se fait en baissant un interrupteur placé dans l’appartement, ne commande nullement le reste de l’installation. C’est ainsi que la sonnerie continue à fonctionner, de sorte qu’en cas d’oubli du locataire de relever l’interrupteur ‘’absence’’, il pourra , à son tour, remettre rapidement son poste en service.

Des circuits accessoires peuvent permettre au concierge d’utiliser l’installation pour la surveillance acoustique des escaliers, des couloirs, etc… On peut également prévoir des circuits permettant aux locataires de converser avec la conciergerie dans le cas où n’a pas été prévu un téléphone d’immeuble. Bien entendu, tous les postes de locataires peuvent être équipés avec un bouton d’ouverture de porte. D’autres circuits sont encore possibles, mais ces quelques exemples suffisent amplement à montrer la souplesse d’exploitation d’un pareil système.

Ainsi, les progrès de la téléphonie en haut-parleur et ceux de l’électronique trouvent une nouvelle application, apportant plus de confort et de sécurité.

Un potier robot, même dans une maison

Depuis de nombreuses années, dans des pays comme la Belgique et les Etats-Unis, les portiers-robots sont installés dans les villas ou les petits immeubles. Il appartenait à la France, qui tient le premier rang dans le domaine des télécommunications par fil en haut-parleur, d’étendre cet usage aux immeubles les plus importants. D’autre part, elle a simplifié à l’extrême ses systèmes de communications et surtout elle les a perfectionnés. En effet, alors que, dans les pays étrangers, de pareils dispositifs nécessitent de la part du locataire une manœuvre continuelle, en cours de conversation, d’une clé ‘’ écoute-parole’’, les dispositifs français les plus perfectionnés ne donnent lieu à aucune manœuvre que celle du décrochage d’un écouteur.

Cette technique trouve dans le bâtiment une nouvelle application, et il ne fait pas de doute que d’ici quelques années, toutes les conciergeries seront doublées d’un portier-robot.

La Construction Moderne, août 1953