France

Immeubles de Jacques Henri-Labourdette, Rue Desgroux – © Tuiles & Briques, Archives municipales

Beauvais Opération Sud

L’Opération Sud, que l’architecte Jacques-Henri Labourdette décrit dans cet article publié en mai 1951 dans la revue Techniques & Architecture, est l’un des ensembles les plus significatifs de la reconstruction de Beauvais. Les lignes continues des trois immeubles qui entourent l’église Saint-Etienne et ses jardins sont particulièrement réussis. 

Comme le souligne Gilles Plum : «à Abbeville comme à Beauvais, ces réalisations prouvent que les architectes de la Reconstruction, mieux que leurs prédécesseurs d’avant-guerre et mieux que les modernes, pouvaient satisfaire des exigences apparemment contradictoires : assurer un niveau élevé de confort et d’agrément aux logements, sauvegarder la continuité urbaine et recréer des cadres compatibles avec les monuments anciens ».   

Conçu à la fin des années 40, ces immeubles sont construits de façon déconnectée du schéma parcellaire ce qui permet d’ouvrir le sol à la circulation des habitants au travers de passages et d’échappées.

Beauvais, l’entrée sud avec le pont de Paris, puis au lointain, l’église Sainte-Etienne et la Cathédrale

En arrivant de Paris par le nouveau pont-route, on découvre la Cathédrale se dressant dans le lointain, et, au premier plan, l’église Saint-Etienne.

Respecter l’harmonie de ce paysage, mettre en valeur l’église Saint-Etienne, conserver le caractère de ville verte, tels sont les points particuliers qui ont dirigé notre étude.

Le plan masse adopté ménage des premiers plans, des vues et des échappées sur Saint-Etienne et la Cathédrale, pose des écrans devant des parties moins intéressantes et répartit les espaces libres en ménageant des jardins, des places et des parkings. Saint-Etienne entourée de verdure, ceinturée par des bâtiments bas et discontinus, devra trouver dans ces constructions une résonance et une harmonie faites, non de réminiscences archéologiques, mais de rapport de volumes, de similitudes de trames.

Premier remembrement
Second remembrement

Les programmes de cette opérations sont très différents : habitations, chambre de commerce, gare routière, banque, maisons du bâtiment, école, etc… Les créances des sinistrés ont des montants inégaux. Les besoins des propriétaires sont particuliers à chacun. Ces différences, ces inégalités, ces particularités, doivent s’exprimer ‘’librement’’. Mais cette liberté ne doit pas correspondre à un désordre, et le cadre, la nécessité de construire rapidement et économiquement, nous conduits à choisir une discipline.

Une trame commune (3 m. 30. sous-multiple 1 m. 10) ; des principes communs de construction ; des hauteurs de planchers, 2 m.70 ; des dimensions normalisées de solives, de baies de portes, nous permettent, à l’aide de combinaisons multiples, de choix de matériaux , de couleurs, de répartitions de pleins et des vides, d’obtenir des ensembles très variés. Liberté des façades, des plans, du remembrement dans le cadre d’une trame et d’éléments normalisés.

Au lieu d’essayer de coordonner des études différentes ou d’imposer des ordonnances, donnons à chaque architecte-constructeur des principes généraux communs, lui laissant toutes possibilités d’études particulières dans ce cadre.

Le principe de construction choisi (ossature béton jusqu’au premier étage, refends en béton, murs porteurs en pierre) donne une grande souplesse de composition et permet une libre disposition des baies, balcons, loggias, escaliers, cloisons.

L’opération Sud réalisée sur ces bases, doit mettre en évidence la possibilité pour chaque architecte d’exprimer librement des programmes différents tout en intégrant son étude à une composition d’ensemble.

 Façade Nord de l’îlot G 
Façade Est de l’îlot H
Façade Sud de l’îlot K
Façade Sud de l’îlot K – dans les trois illustrations ci-dessus, notez l’utilisation de la pierre et de la brique
Plan d’un étage de logements d’un bâtiment
Surfaces des appartements de cet étage de logement
Vue axiométrique rendant compte des principes de construction
Vue du chevet de l’église Saint-Etienne et des îlots J, K et H

Jacques Henri-Labourdette – Techniques & Architecture, mai 1951

Le quartier, aujourd’hui