France

La Basilique de la Trinité à Blois

Bien qu’achevée en 1949, la basilique de Blois n’est pas une église de la Reconstruction.  Son chantier a en effet débuté en 1932. Mais il s’agit d’un édifice en béton armé tout à fait intéressant labelisé ‘’architecture contemporaine remarquable’’. La Revue Techniques & Architecture s’en fait d’ailleurs l’écho dans ses colonnes en novembre 1952.

A l’origine de cet imposant édifice qui domine la ville de Blois, une souscription initiée en 1932 par une moine capucin, le Père Clovis, pour qui rien ne semblait trop beau pour honorer Notre-Dame et ses fidèles.

« La construction, momentanément interrompue pour malfaçon et procès, fut reprise en 1935 par l’architecte Paul Rouvière. Ce dernier reprit les principes suivants : sortir des champs d’actions traditionnels, utiliser de nouveaux matériaux, employer des techniques de production industrielle, bannir le pittoresque pour privilégier la pureté des formes, et inventer un Art Moderne. Il utilisa un matériau particulier : le béton bouchardé, laissant apparaître le gravier de Loire. La Basilique fut achevée sous la conduite du père Grégoire et de l’architecte Yves-Marie Froidevaux en 1949, année de consécration de l’église. Puis, le titre de « Basilique » fut accordé par Pie XII en 1956 ». Elle a reçu le label ‘’architecture contemporaine remarquable’’.

Techniques & Architecture, novembre 1952

Le porche d’entrée et le clocher

« Parti constructif : L’Église domine la ville de 40 mètres. Elle est entièrement construite en béton armé. L’ossature de l’église est composé essentiellement d’une suite de portique. Les piliers de la nef ne prennent que des charges verticales, travaillant comme des supports pendulaires. Une lisse haute au nveau des voûtes et une lisse basse au niveau de la couvertures des bas-côtés assurent le contreventement. Les murs extérieurs sont composés de deux voiles de béton ; l’espace intermédiaire est rempli par des panneaux de Panolithe en coffrage perdu, ce qui permet de diminuer la résonance du béton armé et d’améliorer l’acoustique. La nef est couverte par des voues surbaissées portées par la lisse haute. La toiture est en cuivre. Au-dessus du sanctuaire la voute en cul-de-four repose librement sur la lisse basse ; les chapelles latérales sont accolées aux portiques.

Façade latérale côté cloître
Plan de la basilique : 1 Parvis, 2 Porche, 3 Parloirs, 4 Cloches, 5 Nef, 6 Sanctuaire, 7 Stalles, 8 Sacristie, 9 Maison des chapelains, 10 Cloître   

La tour, haute de 60 mètres, est un monolithe ancré sur quatre puits ; elle est isolée de la construction. Un escalier mène à la première plate-forme à 20 mètres de haut, de là partent deux escaliers traversant la chambre des cloches, haute de 30 mètres ; cette chambre contient 43 cloches. Une chapelle haute couronne la tour dont les escaliers et les planchers servent de raidisseur.

Exécution : Les reprises de coulage et les joints de coffrage ont été étudiés et dessinés sur toutes les surfaces. Les traces laissées après bouchardage par les reprises, constituent un jeu dont l »intérêt est du même ordre que celui des joints des pierres appareillées. Les coulées correspondent toujours au travail normal d’une équipe en une journée ; cette méthode a été établi en liaison avec l’entreprise (Sté Baffreu-Hennebique). On a employé exclusivement les matériaux de la Loire. Le béton était vibré et pervibré.

Façade de l’entrée, groupe en bas-relief de Louis Barillet   
Détail du bas-relief du Chemin de Croix de Jean Lambert-Rucky

Éclairage intérieur : deux grandes verrières de  35 mètres de long sur 8 mètres de haut entre la façade aveugle et le cul-de-four, assurent l’éclairage diurne. Les bas-côtés sont éclairés par de petits vitraux admettent une lumière discrète aux chapelles.

Décoration : des bétons spéciaux ont été employés pour couler les sculptures. Le bas-relief de la façade d’entrée a nécessité une étude spéciale ; elle a été exécutée à partir d’un moule en staff réalisé par les ateliers des Frères Martel. Certains bas-reliefs assez fins ont été exécutés au cement-gun, puis sablés légèrement ».

Techniques & Architecture, novembre 1952

SOURCES :

‘’