Biographies

Émile Aillaud

Né à Mexico en 1902, fils d’un chercheur d’or malheureux. Diplômé en 1921 de l’ENSSBA de Paris, il se fait connaître en réalisant avec Etienne Kohlmann le Pavillon de l’Élégance et de la Parure à l’Exposition de 1937.

Comme le souligne Franck Gintrand dans l’une de ses chroniques (chroniques d’architecture, 12 juin 2018), « Aillaud aura eu deux vies.

La première aura été une revanche sociale sur une enfance difficile ( il avoue avoir toujours eu la hantise de rester pauvre toute sa vie). La seconde une façon de se retrouver. Curieux personnage en vérité que ce dandy, ami de Gide, Sagan et Losey qui (…) décide de se reconvertir dans les grands programmes de reconstruction au lendemain de la guerre ».
A la Libération et jusqu’en 1950, il est architecte-urbaniste des Houillères de Lorraine ce qui le conduit à construire des bâtiments industriels et des cités ouvrières, notamment le cité Bellevue à Creutzwald et de la cité Émile Huchet à Saint-Avold . En 1950, il est nommé architecte de la reconstruction d’Arras. Architecte en chef de plusieurs grands ensembles en Ile-de-France et en Lorraine : cité de l’Abreuvoir à Bobigny (1 500 logements, 1956-1960), cité des Courtilières à Pantin (1 200 logements, 1956-1961), du Wiesberg à Forbach (1 000 logements, 1960-1964), la Grande Borne à Grigny (3 800 logements, 1967-1969), Chanteloup-les-Vignes (1971-1974), tours d’habitation du quartier Picasso à Nanterre (1972-1978).

Émile Aillaud va revenir à Forbach pour y construire l’église Notre-Dame du Wiesberg (1965-67), une église aux formes architecturales résolument modernes.

Dans ces différents ensembles, où il fait appel à la préfabrication lourde, Aillaud tente selon Joseph Abram « de lutter contre ‘’la monotonie ‘’ de l’habitat collectif par une combinatoire élémentaire d’éléments de construction et par l’emploi de formes arrondies et de couleurs vives. Si les tours de Nanterre sont toutes différentes, écrira Émile Aillaud, c’est pour «que l’enfant sache d’en bas qu’il habite ce morceau de nuage ou dans ce bout de branche».
Mais comme le note Paul Gintrand « lorsqu’il justifie ce choix artistique par la volonté de faire oublier le monumentalisme pesant, la rigidité́, la froideur, Fabio Rieti ne fait qu’accréditer ce qu’Aillaud a toujours refusé de reconnaître : en architecture, la couleur habille souvent la pauvreté. Pas toujours, mais souvent quand même ».