L'habitat social

Des logements OUI, des baraques NON !

Ce court article paru dans la revue Arts Ménagers en janvier 1959 témoigne de l’ampleur de la crise du logement qui perdurait encore en 1959, et des pratiques commerciales plutôt contestables de certains ‘’professionnels’’ du bâtiment. 

Nombreux sont en effet les entrepreneurs qui ont exploité après-guerre le nouveau créneau des constructions légères préfabriquées.

Mais visiblement, nombreux sont les occupants qui ont dû constater des malfaçons ou des surcoûts imprévus. 

Arts Ménagers – Janvier 1959

Le Gouvernement vient de prendre parti pour règlementer la construction d’habitations légères préfabriquées. Tout le monde sait qu’il s’agit là de ces petits bâtiments légers qui sont présentés au public comme une véritable panacée permettant de régler très vite, et à bon compte, le problème du logement ou encore l’édification de constructions de weekend.

Ce qui est peut-être moins connu du grand public, mais que les acquéreurs eux n’ignorent plus, ce sont les critiques graves qui sont faites à certaines fabrications trop rudimentaires et à « certains procédés » commerciaux.

Quant aux constructions elles-mêmes, du point de vue de la salubrité et plus particulièrement de la protection contre la chaleur et le froid, de très graves réserves doivent souvent être faites : il en est des équipements sanitaires, ou pour être plus clair de l’absence d’équipements sanitaires. Sur le plan technique nul n’ignore que la protection contre l’humidité, qui joue un rôle dans la durabilité des bâtiments, n’est souvent assurée que d’une manière extrêmement précaire. Enfin, on n’étonnera personne en ajoutant à toutes ces critiques que, du point de vue de l’aspect, les bâtiments dont ils s’agit évoquaient tout naturellement le mot de « baraques ». Quant aux procédés commerciaux, ils n’étaient pas toujours corrects et sans entrer dans le détail qu’il nous suffise de les stigmatiser en disant que parfois la chose vendue représentait tout au plus une « carcasse » que l’acquéreur devait équiper en plus du prix payé. L’intervention gouvernementale (décret du 8 octobre 1958) porte évidemment sur les reproches qui viennent d’être présentés. 

En premier lieu la construction de ces bâtiments légers sera subordonnée, à partir du 1er janvier 1959, à une approbation ministérielle qui assurera à l’acquéreur éventuel que l’habitation est convenable du point de vue sanitaire (protection contre la chaleur, équipement sanitaire minimum, surface convenable des pièces, possibilité de chauffage, etc.).

Ensuite, sur le plan commerciale, les contrats devront faire apparaître la part de travaux qui resteront à la charge de l’acquéreur et qui viennent donc augmenter d’autant le prix des constructions en cause ; en outre, le vendeur ne pourra pas percevoir immédiatement la totalité du prix, une retenue de 20% de ce dernier devant être conservée par l’acquéreur pour garantir pendant un an les éventuelles malfaçons. Enfin, il est utile de signaler qu’à partir de la date déjà indiquée plus haut, du 1er janvier 1959, l’autorisation ministérielle sera nécessaire aux fabricants avant même qu’ils puissent faire une publicité quelconque.

Par HERVE