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© CRMH- Sylvie Denante

L’école maternelle Prouvé de Martigues

L’école maternelle de Ferrières à Martigues est probablement la dernière école ‘’Prouvé’’ encore en activité. 4 salle de classe, un préau et des locaux annexes, une cour de récréation et le soleil de Provence : de quoi rêver !

Les gens du pays dénomment Martigues, ‘’la Venise provençale’’. Les cinéphiles connaissent cette petite ville située autour du canal qui relie d’étang de Berre à la Méditerranée, pour le film de Gilles Grangier ‘’la cuisine au beurre’’ avec les inénarrables comiques Bourvil et Fernandel. Les personnes cultivées peuvent vous expliquer que Raoul Dufy et André Derain y ont peint de magnifiques tableaux.

Mais combien d’amateurs de l‘architectures des Années 50 savent qu’ils peuvent y voir une école maternelle conçue par Jean Prouvé et fabriquée par ses Ateliers de Maxéville ? Je l’avoue, moi-même je viens de le découvrir alors que j’ai habité Martigues quand j’étais jeune !

42 mètres sur 20, 4 classes, 1 préau et des locaux annexes

En 1949, le Ministère de l’Éducation Nationale avait lancé un concours afin de pouvoir sélectionner plusieurs programmes-types d’écoles susceptibles d’être construites sur le territoire. 

Jean Prouvé et son frère Henri, furent parmi les lauréats. La municipalité de Martigues vont ainsi choisir ce programme-type pour l’école maternelle dans le quartier de Ferrière en plein développement. 

© CRMH-Sylvie Denante

Ce sont les architectes Alphonse Arati, Marius Boyer et Charles Lestrade qui sont retenus pour construire cette école de 512 mètres carrés sur la base du ‘’procédé Prouvé’’.   

C’est seulement lors de la phase d’appel d’offres que les Ateliers de Maxéville vont être retenus pour fabriquer les différents composants constructifs.

 

L’école maternelle de Ferrière a été inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 2001. Elle est toujours en activité.

Dans la revue ‘’Techniques & Architecture’’ de l’époque

Comme dans beaucoup de revues spécialisées, les architectes étaient invité à présenter leurs réalisations. Voici donc la description, deux dessins et une photographies publiés dans le numéro de novembre 1952 (l’école étant en service depuis la rentrée de septembre 1952). 

« Longue de 42 mètres et profonde de 20 mètres, cette école se compose de quatre classes de 8 mètres sur 7, disposées en façade, avec un préau central (salle de jeux) de 8 mètres sur 11 ; un grand dégagement de 4 mètres de largeur dessert les différentes classes. C’est une école maternelle, aussi a-t-il été prévu, en plus, une salle de repos avec sept lits. Dans le prolongement du préau, un hall d’entrée donne accès, à gauche, au bureau de la directrice, avec sanitaire et débarras ; à droite, à la lingerie-tisanerie. A l‘aile gauche, se trouve le local de la chaufferie ».

« Les parties portantes sont constituées, soit en maçonnerie de pierre de pays appareillée et jointoyée, soit en éléments « coque. Les coques « sont des rives en tôle d’acier, pliées et embouties, soudées électriquement et réunies par des entretoises en acier. La partie extérieure, formant toiture, est en tôle d’aluminium d’une seule tenue en 10/10 mm, insonorisée par un flockage intérieur. Les coques sont réunies entre elles par des couvre-joints extérieurs et intérieurs avec interposition de matière plastique. Cette construction est organisée de telle sorte qu’il y ait le minimum de conductibilité thermique entre l’extérieur et l’intérieur ».

La Coque
Les panneaux ”hublots”

« Aux extrémités, les murs pignons sont prolongés sur 3 mètres par des panneaux garnis de hublots sur toute la hauteur ; ils comportent une face extérieure en aluminium de 10/10 mm et une face intérieure en Isorel de 12 mm, montées sur des cadres en profilés d’alliage léger  reliés par des plaquettes formant coupure d’isolement thermique. Certains panneaux sont munies de fenêtres à guillotine, type chemin de fer, dont la glace est montées avec un équilibreurTous les panneaux, tant extérieurs qu’intérieurs, qu’ils soient pleins ou équipés d’une fenêtre, sont isolés thermiquement par de la laine de verre avec deux feuilles d’aluminium brillant pour réfléchir le rayonnement calorifique et éviter les déperditions et introduction de chaleur »

La façade qui donne sur la cour de récréation de l’école est composée uniquement de portes vitrées de 3,40 mètres de haut sur 1,20 mètres de large. Preuve de l’attention porté par Jean Prouvé au bien-être des enfants, es vitres descendent suffisamment bas pour que les plus petits puissent en profiter. 

Un système réglable de brise-soleil prolonge la partie toiture coque en aluminium sur toute la longueur de la façade.   

© CRMH-Sylvie Denante
Ecole maternelle Jean Prouvé à Martigues © Bonillo

« Les constructeurs se sont efforcés d’industrialiser ce procédé essayant de le simplifier au maximum. Entre autres simplifications, le système « Prouvé » tend à utiliser des profils galbés, permettant de bien tendre la tôle et d’éviter des reflets, la tôle de couverture étant elle-même raidie par des embouties disposés en quinconce. « Tous ces dispositifs permettent un montage rapide : une classe, montée en cinq jours est utilisable immédiatement. Les frais d’entretien sont minimes, tant par l’emploi des revêtements en peinture cuite au four que par des toitures en aluminium dont la résistance aux intempéries est satisfaisante ».

Tel est le résultat du procédé constructif imaginé et développé par Jean Prouvé avec ses deux frères cadets, Henri , l’architecte, et Pierre, le responsable de l’atelier des prototypes à Maxéville.  

JLV 

SOURCES :

  • Techniques & Architecture, novembre 1952
  • L’école maternelle de Ferrières, Patrimoine XXe 01 © DRAC Provence – Alpes – Côte d’Azur / janvier 2002 / ISBN 2-914837-00-3.
  • L’école Prouvé de Martigues, CAUE13