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L’église Notre-Dame des Pauvres à Issy-les-Moulineaux

L’église Notre-Dame des Pauvres d’Issy-les-Moulineaux est peu connue, or son parti pris architectural fut osé à l’époque, et ses vitraux sont absolument magnifiques. D’ailleurs au salon de l’art sacré de 1953, l’église Notre-Dame des Pauvres fut citée comme l’un des projets les plus intéressants exposés avec la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier. 

Architecture d’Aujourd’hui, avril 1957

L’église est située dans un quartier où étaient concentrés avant-guerre un grand nombre d’usines et d’immeubles vétustes et insalubres. Ce quartier coincé entre la Porte de Versailles et les usines Renault de Boulogne-Billancourt, ne bénéficiait que d’une petite chapelle en bois qui fut détruite lors des bombardements de septembre 1942.

Oeuvre d’un jeune architecte de 26 ans, Jean-BLaise Lombard, celui-ci avait eu la sagesse de s’associer avec un confrère trentenaire, Henri Duverdier et avec le peintre Léon Zack dont l’atelier était tout proche à Vanves.

La nouvelle église va être reconstruite sur un terrain triangulaire, à l’angle du boulevard Galliéni et du boulevard des Frères Voisins. La première pierre sera posée qu’à l’automne 1954, et l’église achevée en une année seulement.   

L’édifice est basé sur un plan trapézoïdal. Le toit est constitué d’un voile mince de béton qui repose sur une discrète ossature en béton armé. Le campanile est constitué de deux lames verticales de béton réunies au niveau des cloches.

Les murs de parement en moellons apparents de pierres jaunes légèrement bleutées mettent particulièrement bien en valeur les magnifiques vitraux abstraits du peintre Léon Zack.

« Ce qui n’est, dans la nef, qu’un mince bandeau vitré s’élargit dans le chœur à l’échelle d’une paroi lumineuse, animée de dessins géométriques et de formes abstraites aux teintes chaleureuses (jaune, bleu, violet). Des teintes plus sévères (gris, bleu) conduisent naturellement le regard de la nef vers le chœur dont les verrières apportent chaleur et recueillement ; un délicat lavis de grisaille module l’effet – ici, de transparence, là, d’opacité -, contribuant à dilater un espace dont l’intimité est ainsi préservée malgré la proximité de la ville ». 

Avec cet ensemble continu de 60 panneaux de verre teintés sur la totalité des trois côtés de l’édifice, interrompus par des piliers en béton très fins au point qu’on les oublie, le toit semble en état de lévitation. Seul bémol à mon sens, le plafond en lambris vernis.  

Comme le souligne Claire Vignes-Dumas qui l’a particulièrement étudié : « Les dispositions liturgiques d’avant-garde destinées notamment à rapprocher les fidèles de l’autel, ainsi que l’unité de son décor dominé par l’art abstrait en font un édifice clé de la reconstruction en Île-de-France »..

J-L V.

Photos JLV

SOURCES :

‘’Patrimoine Sacré’’, sous la direction de Paul-Louis Rinuy, Éditions du Patrimoine, texte d’Antoine Le Bas sur l(église ND des Pauvres

 ‘’L’église Notre-Dame-des-Pauvres à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)’’, Claire Vignes-Dumas, In Situ  http://journals.openedition.org/insitu/5427 ; DOI : 10.4000/insitu.5427 

 ‘’L’église Notre-Dame-des-Pauvres’’, Architecture d’Aujourd’hui, avril 1957