France

Saint-Lô : Immeubles Préfinancés en 1952

Cet article de l’architecte-en-Chef de St-Lô publié en septembre 1952 dans la revue Techniques & Architecture illustre bien le rôle de cette fonction, surtout lorsqu’il s’agit de piloter la reconstruction d’une ville qui a été quasiment rayée de la carte.

En vue d’aider et d’accélérer la reconstruction de la Ville Préfecture de la Manche, un programme d’immeuble préfinancé a été mis sur pied à Saint-Lô en 1951. Ce programme comprend la réalisation d’un certain nombre d’îlots situés dans différents quartiers. L’Association Syndicale de Reconstruction chargé de ces travaux, désigna ls architectes auxquels elle entendait les confier. Les projets furent mis au point, présentés et acceptés par le Service d’Architecture du M.R.U. au début de l’été 1951.

En vue de définir le problème à résoudre, il est bon de préciser certains points concernant la reconstruction de la ville. Plus de  90% des immeubles furent complètement détruits par des bombardement aériens, seules, quelques maisons des quartiers excentriques endommagés purent être réparées.

Le Plan de Reconstruction de Saint-Lô

Celui-ci fut dressé  par M. Hill, Architecte. L’étude fut respectée et complétée après sa mort par M. Mersier, Architecte-en-Chef.

La ville de Saint-Lô est une agglomération de 12.000 habitants environ. Ville Préfecture et gros bourg rural, sa population compte en majorité des fonctionnaires, des commerçants et retraités, peu de petites industries locales, et l’un des plus importants haras de France.

La Préfecture et les bâtiments administratifs ont été groupés dans l’enceinte de l’ancienne ville fortifiée, sur « l’Enclos ». De très grandes places : champs de foires, marché d’approvisionnement, marché aux bestiaux , marché aux chevaux, ont été prévus soit aux anciens emplacements, soit sur des emplacements nouveaux d’une importance égale à celle des emplacements anciens affectés à ces manifestations. La ville est traversée d’est en ouest et du nord au sud par des routes nationales d’importance locale. Le plan prévoit la mise en valeur, par leur dégagement et leur remise en état, des anciens remparts servant de soutènement à la Ville Haute.

L’Administration du M.R.U. a été amenée à faire procéder au remembrement des anciennes parcelles, remembrement consécutif à un nouveau plan de voirie, au déplacement des centres commerciaux vers l’est, elle a été dans la nécessité de diminuer la densité des anciens quartiers commerçants bâtis sur la presque totalité de la surface. Les travaux de reconstruction commencèrent par les déblaiement, relevés topographiques, réparations ou création des canalisations souterraines nécessaires à l’écoulement des ruisseaux malsains coulant dans les fonds des vallées, remise en état de la voirie et des routes nationales. Du point de vue immeubles, en dehors des cités provisoires ou semi-provisoires, on a procédé à l’exécution d’un groupe d’immeuble d’État, de deux groupes d’H.L.M. et démarrage de quelques îlots.

Des immeubles préfinancés par l’Etat

Le démarrage des îlots étant lents, le Ministère décida d’envisager la mise en route d’un certain nombre d’îlots préfinancés en 1951.

Les cercles noirs signalent les Immeubles préfinancés

L’organisation des projets

Compte tenu de l’éparpillements des îlots et de la diversité des Architectes chargés de l’étude, il apparut nécessaire à l’Architecte-en-Chef d’imposer une discipline en vue de standardiser les constructions, tout en laissant une grande liberté à chacun. Une trame de 1 m. 20 fut adoptée d’un commun accord.

L’avantage d’une trame est de normaliser la construction (partie de planchers, plaques de revêtement, etc.) d’obtenir des études ayant un même rythme et une même échelle, tout en laissant une grande liberté de composition de plans.

Chaque architecte avait pour mission d’établir un avant-projet comportant un certain nombre de plans-types, toute liberté étant laissée quant aux emplacements de cloisons et baies.

Plan-masse de l’îlot 2

Du fait même d’une étude d’ensemble, chaque îlot comporte en plus, des hauteurs de planchers standards. Les avant-projets furent établis sur ces bases. Ils présentent une grande variété de plans et d’aspect de façade.

Les projets d’exécution furent établis eux aussi en respectant ces principes, certains plans furent remaniés quant à leur distribution, afin de donner satisfaction au futur occupant : Mme Dubois, présidente de l’Association Syndicale de Reconstruction et M. Benne, Commissaire à la Reconstruction ayant contacté, d’accord avec les Services du Remembrement, les divers intéressés et ayant procédé, en cours d’étude, à l’attribution de la presque totalité des immeubles.

Immeuble, rue des Petits-Noyers

Les résultats obtenus aux adjudications montrent que chaque îlot ou groupe d’îlots traités par un architecte unique est suffisamment important pour intéresser les entreprises et créer une concurrence donnant une adjudication intéressante. Du point de vue architectural, l’aspect des îlots ne sera pas d’une standardisation monotone, chaque architecte ayant pu traiter de façon différente ses volumes et ses façades. Les volumes sont différents du fait du nombre d’étages et de l’épaisseur de l’immeuble : immeuble de rez-de-chaussée un étage ; immeubles de rez-de-chaussée deux étages ; avec ou sans commerces ; d’où portées de planchers suivant les cas de 3 m. 60 ou 4 m. 80.

Immeuble, rue des Noyers

Les éléments de planchers sont préfabriqués. Les escaliers sont standardisés en général par îlot ou groupe d’îlots par architecte, et si les dimensions des cuisines peuvent varier à la demande de chaque attributaire, leur équipement plus ou moins complet est standard. Il en est de même pour les portes et fenêtres. L’équipement local installé au cours de la reconstruction permet la réalisation facile des éléments planchers et plaques.    

M.M.

Revue Techniques & Architecture, Septembre 1952

Immeuble, îlot A5