France Habitat collectif

La Cité H.L.M. des 800 de Raymond Lopez à Aubervilliers

Pour faire face à l’ampleur de la demande de logements, le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme Eugène Claudius-Petit annonce en 1951 sa volonté de construire 10.000 logements par an sur 5 ans. 

Pour se faire, le M.R.U. compte diminuer le coût de la construction en favorisant des opérations immobilières portant désormais sur plus un grand nombre de logements sociaux – quitte à associer plusieurs maîtres d’œuvre – et utilisant plus systématiquement la préfabrication industrielle d’éléments de construction et d’équipements. L’objectif étant de constituer un ‘’Secteur industrialisé’’ de la construction de logements collectifs.

C’est dans ce cadre que le M.R.U. sollicite l’Office d’HLM d’Aubervilliers et que l’architecte Raymond Lopez est retenu en 1952 pour cette opération, puis celle de la cité Gabriel Péri.

C’est donc l’architecte Raymond Lopez qui est retenu pour ce programme. C’est un architecte connu qui s’est fait remarqué notamment par le siège central de la Caisse d’Allocations Familiales d’Ile de France, rue Viala dans le 15ème arrondissement (cf. notre article sur cet édifice) et celui de la Fédération Nationale du Bâtiment, rue Lapérouse dans le 8ème arrondissement. C’est donc son chef d’agence et fidèle collaborateur Michel Holley qui va piloter l’opération. Du fait de complexités administratives, la première pierre n’est posée que le 19 décembre 1954 ; le chantier s’achèvera en 1958. 

Le terrain choisi est situé au nord-est de la commune, sur la R.N. 2, face au Fort d’Aubervilliers, à la limite de Pantin et de La Courneuve. Un groupe scolaire et un centre commercial doivent compléter l’opération.

Cette ”cité des 800” comprend en réalité 798 logements qui se répartissent ainsi : 552 appartements de 3 pièces (52 m2 de surface utile), 48 appartements de 3 pièces (45 m2, 70), 108 appartements de 2 pièces (35 m2) et 90 appartements de 5 pièces (70 m2,30).

Maquette de la cité HLM Émile Dubois à Aubervilliers, Raymond Lopez architecte – L’Architecture d’Aujourd’hui, n°57,  1954

Preuve de l’effort de simplification destinée à faciliter la préfabrication, les 798 logements sont regroupés en fonction de leur nombre de pièces. Charge aux architectes de faire preuve de créativité pour atténuer la monotonie de l’ensemble sans augmenter les coûts de construction.

Les 552 appartements 3 pièces sont situés dans de longues bandes continues alternants des bâtiments de 4 ou 5 étages. Ces logements sont desservis par des escaliers circulaires dont chaque palier ne donne accès qu’à deux appartements afin de diminuer au maximum les inconvénients du voisinage.

Coupe longitudinale d’un bâtiment bas
Plan d’un appartement d’un bâtiment bas

Les 108 deux pièces et les 90 cinq pièces sont logés quant à eux dans 9 petits immeubles-tour de 8 étages. Les cinq pièces occupent les cinq niveaux inférieurs, les deux pièces, les trois niveaux supérieurs.

Chaque locataire dispose d’une cave et des rangements pour voitures d’enfants, bicyclettes, motocyclettes. Un centre commercial (le bâtiment circulaire qui figure sur la maquette) et ultérieurement une vaste salle de réunions, de théâtre, concerts, avaient été prévus dans l’étude du plan d’ensemble.

Les dispositions générales du plan d’ensemble ont permis d’atteindre une densité de l’ordre de 400 habitants à l’hectare, équivalente à celle de Paris, tout en offrant aux habitants de ces logements la possibilité de profiter des vastes espaces verts et des vues directes identiques à celles des quartiers les plus aérés.

Plan d’un étage d’un bâtiment haut 
vue partielle de la façade Ouest du bâtiment A 
façade sud du bâtiment haut

Les bâtiments sont construits sur une ossature en béton armé avec des entraxes de 2 mètres 45. Les éléments de façades préfabriqués comportent un revêtement en gravillons lavés. Autre preuve de l’effort de simplification destinée à faciliter la préfabrication : « le nombre de types menuiseries extérieures a été réduit à trois, y compris les portes-fenêtres sur les loggias. L’équipement intérieur comprend, outre le chauffage central, des cuisines installées avec des équipements standardisés et des salles de bains résultant de concours lancés par le M.R.U. sur le plan national ».

Après avoir réalisé ce groupe d’habitations qui sera baptisé ‘’Cité Émile Dubois’’, Raymond Lopez construira par la suite à Aubervilliers, sur des schémas identiques, la cité Gabriel Péri portant sur 520 logements. 

La réhabilitation participative de 1984 

En 1984, un plan global de réhabilitation du quartier Montfort est lancé par l’OPHLM et la ville. Première cité concernée : la Cité Emile Dubois.

Comme le présentent ses animateurs : ” Cette vidéo retrace l’histoire de l’aventure collective vécue par tous les partenaires de cette réhabilitation qui vous est proposée. Images d’archives datant de 1957, témoignages de locataires d’abord sceptiques puis enthousiastes, discussions autour des maquettes et des projets des deux architectes chargés de la réhabilitation, création de l’association Vivre au Montfort, réapparition de certains liens sociaux, retrouvailles autour d’un projet commun… Tous les moments forts qui ont ponctué la vie des habitants lors de cette réhabilitation, aujourd’hui terminée, ont été recueillis afin d’en préserver le souvenir et rappeler que le rapprochement entre un projet d’architecture et une population ne peut passer que par une réelle concertation. Ce défi, le Montfort l’a vécu “ : https://archives.aubervilliers.fr/L-effet-Montfort

SOURCES : 

  • ‘’HLM à Aubervilliers’’, L’Architecture d’Aujourd’hui, numéro 57, 1954
  • ‘’Groupe d’habitations à Aubervilliers’’, Architecture Française, numéro 205/206, fin 1959
  • ‘’Ensemble de logements HLM, Cité Emile Dubois ou Cité de 800’’, Atlas de l’architecture et du patrimoine de la Seine-Saint-Denis