Premier édifice français classé ‘’Patrimoine du XXème siècle’’ en 2000, le couvent Saint-Thomas d’Aquin de Lille est l’œuvre de l’architecte Pierre PINSARD.
Nous reproduisons ci-dessous l’article publié dans la revue Techniques & Architecture en janvier 1954, article que nous avons illustré aussi par des photos récentes.
A la Libération les Domicains souhaitèrent s’installer à nouveau dans Lille intra-muros. Le révérend père Couturier suggéra Le Corbusier qui venait de réaliser le couvent de La Tourette, mais Père Michel Bous lui préféra l’architecte Pierre Pinsard, pour son intervention à l’abbaye Notre-Dame-de-Grâce de Bricquebec dans la Manche.
Le couvent des Domicains à Lille est d’une certaine manière l’antithèse du couvent de la Tourette. Alors que le béton est omniprésent chez Le Corbusier, à Lille, Pierre Pinsard le conjugue harmonieusement avec la brique, le béton, le verre et le bois. L’architecture est sobre et dépouillée, toute empreinte d’humilité et en parfaite osmose avec l’architecture vernaculaire du Nord.
L’édifice a été construit entre 1955 et 1957, puis entre 1962 et 1965.
Pierre Pinsard était assisté de Neil Hutchison (pour la première tranche des travaux) et de Hugo Vollmar (pour la seconde tranche des travaux) ainsi que l’ingénieur Bernard Lafaille et le maître-verrier Gérard Lardeur.
Le développement de l’ordre des Frères Prêcheurs (plus connu sous le nom d’ordre des Dominicains N.D.L.R.) dans la région du Nord motive cette réalisation, car les bâtiments du couvent actuel sont trop petits et ne répondent nullement à son utilisation.
Le terrain choisi est situé à Lille dans le quartier de La Madeleine, terrain bien exposé en pente douce vers le Sud, planté de nombreux arbres.
La construction du couvent est envisagé pour 40 Pères, 10 Frères et 20 hôtes.
La composition adoptée, contrairement à la tradition habituelle de l’architecture monastique, est très dégagée tout en restant rigoureuse. Chaque bâtiment s’exprime par lui-même ; ils sont reliés entre eux par des cloîtres couverts et des jardins intérieurs. Le silence et l’ensoleillement maximum sont obtenus de ce fait. Les bâtiments situés en bordure de rue sont destinés aux échanges avec l’extérieur, plus au centre du terrain se trouve l’essentiel du couvent.
Plan du rez-de-chaussée-de-chaussée : 1. Chapelle – 2. Chapelle du St-Sacrement – 3. Sacristie – 4. Grand cloître fermé – 5. Petit cloître ouvert (1) – 6. Salle du Chapitre – 7. Jardin cloître des fidèles – 8. Salle de conférence 8. Conciergerie, salle d’attente, parloirs 10. Hôtellerie 11. Bâtiment de la Communauté – 12. Bâtiment des Frères – 13. Réfectoire – 14. Services généraux – 15. Jardin de l’hôtellerie – 16. Cour de service
(1) Le cloître fermé est le cloître des morts. Le grand cloître n’a que trois côtés contrairement à la conception traditionnelle, mais le Prieur signifia dès le départ du projet qu’il souhaitait un cloître ouvert symboliquement vers la lumière et le parc arboré (N.D.L.R.)
La composition adoptée, contrairement à la tradition habituelle de l’architecture monastique, est très dégagée tout en restant rigoureuse. Chaque bâtiment s’exprime par lui-même ; ils sont reliés entre eux par des cloîtres couverts et des jardins intérieurs. Le silence et l’ensoleillement maximum sont obtenus de ce fait. Les bâtiments situés en bordure de rue sont destinés aux échanges avec l’extérieur, plus au centre du terrain se trouve l’essentiel du couvent.
L’infrastructure est constitué par des puits, reliés entre eux par des longrines en béton armé. Pour obtenir l’économie et le silence, la structure des bâtiments est mixte : à la fois béton armé et maçonnerie portante.
La chapelle : 44 places pour les stalles, 200 places assises pour les fidèles, 40 places assises pour les hôtes, 72 places assises pour les fidèles dans la chapelle du Saint-Sacrement. Le Sanctuaire permet la synchronisation des messes pour 11 célébrants.
La chapelle. Structure mixte : béton armé et maçonnerie de briques. Le plafond est un voile de béton armé à double courbure, brut de décoffrage, reposant sur des béquilles en forme d’échasse qui prennent au passage des plafond bas de la chapelle (l’ingénieur Bernard Lafaille a contribué à la conception de cette voute N.D.L.R.). Les deux façades latérales sont fermées par des murs légers, percés de trous garnis de petits vitraux, la partie haute étant entièrement vitrée par des plaques de Vérondulit (plaques de verre ondulé translucide armé fabriqué par Saint-Gobain NDLR).
Toute la maçonnerie portante est en brique pleine ordinaire. A l’intérieur, la surface des briques sera blanchie à la chaux, seul le béton armé sera brut. Le sol sera carrelé en Lunel. Couverture en aluminium, avec isolation de Reclaine. Revêtement des façades latérales en dalles de terre cuite. La chapelle du Saint-Sacrement sera éclairée par un grand vitrail allant du plancher au plafond.
Le Campanile : Structure intérieure en béton armé. Maçonnerie portante en brique et deux faces revêtues en dalles de terre cuite, abat-son en plaque de Vérondulit.
La Salle du chapitre : Couverture des voûtes de briques creuses, bloquées sur les poutres en béton armé. Murs en maçonnerie en briques pleines. Sol carrelé avec du grès cérame rouge.
Le petit cloître et le grand cloître : Brique pleine et béton armé, voûtes à double courbure. Sol en carrelage rouge, couverture en terrasse.
La salle de conférence. Structure mixte, béton armé et maçonnerie de brique pleine, couverture aluminium, sol en liège comprimé.
L’hôtellerie, les cellules des Pères et des Frères. La structure de ces trois bâtiments est identique. Au rez-de-chaussée, portiques en béton armé sur lesquels sont montés des refends porteurs en brique creuse qui reçoivent un chainage transversal ; sur celui-ci se bloquent des voûtes en briques creuses, chargés de sable. Isolation acoustique assurée. Les alvéoles en façades sont obturées en partie par un mur léger, revêtu de dalles de terre cuite. C’est un exemple type de structure mixte.
Réfectoire : Toute structure similaire par voûtes de briques creuses. L’ensemble couvert en aluminium ; carrelage grès cérame rouge.
Les cuisines, ateliers et services. Maçonnerie de briques portantes, toiture en terrasse. Menuiserie bois, peinte en blanc. Chauffage par le sol pour la chapelle par radiateurs pour les autres bâtiments.
L’ensemble est traité en acceptant des matériaux tels qu’ils sont, c’est-à-dire avec une honnête pauvreté. L’architecture ne cache pas son apparentement avec les créations industrielles de la région. Toutefois, on a cherché à dégager les possibilités plastiques de la structure et des matériaux, dans un sens de vérité et d’humilité.
Le couvent a été construit en deux phases : la première, entre 1955 et 1957, la seconde, entre 1962 et 1965.
Les schémas suivants sont extraits du mémoire de maîtrise d’histoire de l’art ‘’Le couvent des Dominicains de Lille’’ de Pierre Lebrun et réinterprétés par le CAUE du Nord. Ils ont été établis sur la base des dossiers de permis de construire élaboré en 1954 et 1961.
Nous vous invitions à consulter le livret de visite élaboré par la CAUE du Nord
Sources :