Lors de sa construction entre 1951 et 1952, la Lever House dénote par rapport aux immeubles en briques de Park Avenue, cette avenue huppée de Manhattan. Elle est en effet le premier immeuble d’architecture internationale. L’année suivante, Mies van der Rohe construira juste en face le Seagram Building.
La Lever House se caractérise en particulier par sa forme, une tour de 20 étages, décentrée, reposant sur un socle de trois niveaux. Son mur-rideau en acier inoxydable et verre bleu-vert a été conçu pour limiter ses frais de maintenance. Les fenêtre fixes permettent d’éviter l’entrée des poussières urbaines et le traitement chimique antithermique du verre économise les frais de climatisation.
Des innovations soulignées par les revues Architecture Française et Techniques & Architecture en 1953.
La Lever House est l’œuvre des architectes Gordon Bunshaft et Nathalie Grifffin de Blois de l’agence Skidmore, Owings & Merrill (SOM).
Cet immeuble est destiné à l’administration centrale de la Compagnie Lever (entreprise de savonnerie) qui comprend près de 1.200 employés. A son origine, un double objectif : créer un instrument de travail efficace mais aussi un bâtiment qui, par ses qualités plastiques, deviendrait un excellent instrument de propagande pour la compagnie.
La conception architecturale est très claire : 20 étages de bureaux à vitrages fixes dominant un premier étage horizontal et un rez-de-chaussée avec des arcades de libre accès se développant autour d’un patio. Les immenses surfaces vitrées (verre spécial antithermique) sont portées par des cadres d’acier inoxydable. L’ensemble constitue un volume hermétique dont l’air est renouvelé par des installations de climatisation. Le décor intérieur a été réalisé avec le souci de s’accorder avec la plastique de l’immeuble.
Entre les hautes façades de pierre de New-York le passant voit pour la première fois un immeuble à travers lequel il peut regarder. Les vitrages de couleur bleutée ont une composition chimique qui leur fait intercepter les rayons ultra-violets du soleil.
De nuit, les plafonds lumineux de l’immeuble le transforment en un volume fluorescent dont la transparence accentue les dimensions.
Situé en plein centre de Manhattan, à la hauteur de la 53ème rue ; l’immeuble Laver marque également un intéressant souci d’une implantation libre inhabituelle à New-York. Cette vue aérienne de nuit montre le souci qu’ont eu les réalisateurs de ne pas construire tout le volume que les règlements de voirie leur permettait.
Il ne faut pas oublier que la latitude de New-York correspond à celle de Naples, et qu’en conséquence, de grands vitrages exposés au soleil risqueraient de provoquer une atmosphère de serre, préjudiciable au confort des occupants. D’autre part, des fenêtres ouvrantes auraient laissé pénétrer les poussières, suies et émanations de la ville, poussées par le vent.
On a donc fait appel ici à du verre à forte isolation thermique, d’une teinte verdâtre. Les châssis sont fixes. Le problème du nettoyage des vitres a été résolu par l’emploi d’une passerelle volante suspendue à un chariot-grue sur rails qui fait le tour du bâtiment.
Du point de vue plastique, le parti architectural adopté et les dispositions des menuiseries métalliques donnent au bâtiment un aspect aux formes géométriques simples, permet tant d’avoir une surface d’éclairement maximum. Grâce au principe du relèvement sur pilotis de l’étage au sol, on a pu aménager un jardinet donnant à l’accès, calme et verdure
Cette vue aérienne de nuit montre le souci qu’ont eu les architectes de ne pas construire tout le volume que les règlements de voirie permettaient.
La réalisation technique de l’aménagement a été traitée avec simplicité ; les bureaux ont été conçus, autant que possible, sans cloisonnements comme il est de coutume aux U. S. A. Le système à double plafond a servi d ’une part, à loger les canalisations et appareils d’éclairage et, d ’autre part, à éviter la retombée du linteau si préjudiciable au bon éclairement des locaux. La maçonnerie est réduite au minimum, remplacée par des éléments légers (scories, matériaux alvéolaires, etc.) ou tout simplement par du verre armé. Quant à la climatisation, elle a été réalisée en duplex : d’une part, un système périphérique d’unités individuelles, alimentées par air et eau et haute pression et situées aux abords des fenêtres, d’autre part, dans la partie centrale des bureaux par un système traditionnel à gaines.
La protection contre le bruit a été étudiée et résolue par l’installation de plafonds absorbants, constitués par des plaques isolantes, des tôles perforées, et recouverts d’enduits spéciaux. L’emploi de planchers, en tôle pliée formant des alvéoles, a permis de réduire le poids de 30 % par rapport aux planchers habituels. Le prix de la construction a été de dix millions de dollars.
L’aménagement intérieur des locaux a été effectué en tenant compte de la couleur verdâtre des vitres; on a notamment utilisé d’une façon systématique des teintes chaudes.