Sans le docteur Dujarric de la Rivière, un enfant du pays qui présida l’Académie des Sciences, il est probable que le nouvel hôpital de Périgueux n’aurait pas vu le jour. Tenant absolument à ce que Périgueux puisse bénéficier d’un hôpital ultra-moderne, il alla même jusqu’à obtenir que le PMU contribue à son financement.
Inauguré en 1953, ses plans ont été conçus en 1936, combinant une partie ”pavillonnaire” à un ”hôpital-bloc ” dénommé Bloc médico-chirurgical.
Pour vous permettre de le découvrir en détails, nous avons complété l’article publié dans la revue L’Architecture Française en 1954, par de nombreux visuels d’époque issus de l’Inventaire du patrimoine de la région Nouvelle Aquitaine.
Comme le précisent Clémence Préault et Anne Laborderie dans leur présentation lors de l’attribution du Label du Patrimoine du XXème siècle’’, le bâtiment principal de l’hôpital (défini dans les plans comme le Bloc Médico-chirurgical) est : « en forme de peigne, à plan courbe, évoquant l’architecture du palais du Trocadéro, (il) constitue l’élément majeur de la composition. Ce bâtiment, construit en béton armé, comporte sept niveaux, dont deux en rez-de-chaussée, en raison de la déclivité du terrain, qui permettent des entrées différenciées. Sa distribution intérieure correspond à une stricte séparation des services par niveau. L’axe central renferme les circulations verticales et sépare à chaque niveau les parties réservées aux hommes et aux femmes. (…) Sur cette façade (Sud) se déploient quatre courtes ailes en retour d’équerre, de quatre niveaux seulement. A l’extrémité de celles-ci, sur les deux derniers étages, sont placés des solariums fermés de baies vitrées ».
Dès la fin du siècle dernier, la Commission administrative des Hospices de Périgueux avait décidé la construction d’un nouvel hôpital hors de la ville. Le Président Félix Faure en posa d’ailleurs la première pierre en 1895. Ce n’est cependant qu’en 1936 que le projet pris corps et qu’un concours fut lancé pour la construction du nouvel hôpital. Les travaux, commencés en 1937, furent interrompus par la guerre et ne retrouvèrent leur cadence normale qu’en 1950.
Le terrain réservé au nouveau Centre hospitalier occupe une surface de 32 hectares sur une colline ensoleillée située à environ un kilomètre de la ville.
Le programme à réaliser prévoyait 572 lits répartis en 256 lits pour le Bloc Médico-chirurgical, 76 lits pour la Phtisiologie, 20 lits pour les contagieux, 35 lits pour la maternité, 44 lits pour les enfants assistés, 141 lits pour l’hôpital militaire.
Le projet retenu au concours prévoyait une formule mixte à mi-chemin entre l’ « l’hôpital-bloc » et l’ « l’hôpital pavillonnaire » : groupement d’un ensemble de services en un bâtiment vs. répartition de services annexes à activités définies en pavillons.
Légendes du plan-masse : 1. Enfants assistés – 2. Maternité – 3. Cuisine de la partie Ouest – 4. Château d’eau – 5. Administration – 6. Services généraux (A. Buanderie, B. Chaufferie, C. Ateliers, D. Garages, E. Morgue, F. Transformateurs, G. Aliénés) – 7. Bloc Médico-chirurgical – 8. Communauté – 9. Laboratoires – 10. Phtisiologie – 11. Contagieux – 12. Hôpital militaire – 13. Pavillon (directeur, économe..) – 14. Future école d’infirmières.
Le terrain étant divisé en deux parties inégales par l’ancienne route de Paris, la partie Ouest (la plus restreinte) fut réservée à l’hospitalisation infantile : Maison de la mère et de l’enfant, Service des enfants assistés. Les autres bâtiments, dont le Bloc Médico-chirurgical furent implantés sur la partie Est.
La partie Est du terrain formant une croupe en pente vers le Sud, la différence de niveaux (14 mètres entre le haut et le bas du terrain) a permis d’établir, pour chaque construction, deux rez-de-chaussée, l’un normalement éclairé sur les deux faces Nord et Sud, l’autre largement éclairé sur la façade Sud. Cette disposition a permis en particulier des accès opposés pour des services se superposant dans un même bâtiment.
Le pavillon d’administration est situé à l’entrée du Centre hospitalier. A la suite vers l’Est et sur la même courbe de niveau sont placés le Bloc Médico-chirurgical et le pavillon de Phtisiologie. Au milieu du terrain, mais à un niveau supérieur, s’implante l’hôpital militaire. Entre ces deux groupes est placée la communauté. A la suite et vers l’Est, nous trouvons les Contagieux et les laboratoires.
Dans la partie Nord et haute du terrain sont situés les Services généraux (chaufferie, transformateurs, garages, ateliers, morgue, etc…) desservis par une entrée spéciale.
Enfin, au Nord, un emplacement a été réservé pour l’édification d’un Centre de Santé.
L’implantation de ces divers bâtiments a été définie en tenant compte de la légère courbe de la croupe du terrain afin d’éviter l’effet rigide d’un ensemble de constructions rectilignes.
Le bâtiment de l’administration comprend au rez-de-chaussée la loge du concierge dont la situation en saillie sur le bâtiment permet de surveiller toutes les entrées des pavillons, les services d’administration des malades, de la recette et de l’économat. A la suite, mais avec une entrée distincte sur la voie principale, sont placés les bureaux de l’ordonnateur, du directeur et divers bureaux ainsi que la salle des conférences.
Ce bâtiment de 120 mètres de long est orienté Nord-Sud. Toutes les chambres de malades donnent au Sud ; tous les services, offices, cabinets médicaux donnent au Nord. De la façade Sud, sur 3 étages, se détachent 4 ailes, orientées Est-Ouest, réservées aux dortoirs de 6 lits chacun (on peut noter que ces ailes se terminent par un solarium en demi-lune comme à l’hôpital Beaujon à Clichy n.d.l.r.).
La forme allongée du bâtiment a permis de donner aux différents services de consultation leurs entrées particulières. L’entrée principale est située au centre. Le rez-de-chaussée-de-chaussée est réservé aux consultations, le 1er étage à la médecine, les 2ème et 3ème étages à la chirurgie, le 4ème étage aux grands malades et le 5ème aux enfants.
Ces plans sont issus de l’Inventaire du patrimoine de la Nouvelle Aquitaine
Ailes A et B au sous-sol : dans l’aile A, les magasins et les cuisines ; dans l’aile B, les réfectoires des infirmières, des religieuses, des hommes et des chefs, une salle de repos ainsi que le Service d’hydrothérapie.
Ailes C et D au sous-sol : dans l’aile C, la Radiologie ; dans l’aile D, le Service des maladies vénériennes avec ses chambres individuelles.
Ailes A et B au rez-de-chaussée : Service O.R.L. dans le corps du bâtiment principal, dans l’aile A, les chambres individuelles des hommes, dans l’aile B, les chambres individuelles de femmes et un dortoir pour les enfants.
Ailes C et D au rez-de-chaussée : dans l’aile C, le service de radiologie, et dans l’aile D, le service urologie pour les femmes avec ses chambres individuelles.
1er étage : dédié à la Médecine générale. Deux ailes symétriques : à gauche l’aile réservée aux femmes à droite celle réservée aux hommes. Dans chacune de ces ailes, 11 chambres particulières, une grande terrasse.
2ème étage : dédié à la Chirurgie avec deux salles d’opération dans la rotonde. Deux ailes symétriques : à gauche l’aile réservée aux femmes à droite celle réservée aux hommes. Dans chacune de ces ailes, 11 chambres particulières.
Ailes B et C au 1er et au 2ème étages : dans chaque aile, 4 dortoirs de 6 lits, et à l’extrémité, un solarium en forme de demi-lune fermé par des baies vitrées.
3ème étage : dédié à la Chirurgie avec une seule salle d’opération située au centre de la rotonde compte tenu de la présence des plafonds vitrés et des coursives d’observation donnant sur les salles d’opération situés au 2ème étage. Deux ailes symétriques : à gauche l’aile réservée aux femmes à droite celle réservée aux hommes. Dans chacune de ces ailes, 6 chambres particulières et une salle de jour pour les patients qui fait aussi fonction de réfectoire car on a installé un dortoir de 8 lits aux deux extrémités du bâtiments (les ailes perpendiculaires avec les grands dortoirs s’arrêtent en effet au deuxième étage).
4ème étage : étage réservé aux grands malades. Deux ailes symétriques : à gauche l’aile réservée aux femmes à droite celle réservée aux hommes. A cet étage, à chaque extrémité du bâtiment, le dortoir du 3ème étage est remplacé par une terrasse et un solarium couvert.
5ème étage : réservé aux enfants. L’aile gauche est consacrée à la chirurgie, l’aile droite à la médecine. Les plans indiquent des chambres dédiés aux enfants ‘’fiévreux’’, d’autres pas, et dans chaque aile un dortoir pour des berceaux. Le toit des solariums du 4ème étage sont aménagés en terrasses de jeux.
On peut aussi remarquer la présence à chaque étage des chambres pour les religieuses qui à l’époque faisaient encore partie des soignants.
Ces photographies sont issues de l’Inventaire du patrimoine de la Nouvelle Aquitaine
Bien qu’inauguré en 1953, l’hôpital Dujarric-de-la-Rivère a été conçu en 1936 : son architecture fait penser au palais de Chaillot, et l’organisation du Bloc-Médico-chirurgical correspond à l’ « hôpital-bloc » que l’on voit apparaître en France avec l’hôpital Beaujon à Clichy.
Ses concepteurs n’ont donc pas pu profiter des avancées de l’hôpital mémorial à Saint-Lô de l’architecte franco-américain Paul Nelson. Reste que le nouveau Centre hospitalier de Périgueux était l’un des établissements les plus modernes à l’époque, grâce notamment à l’appui actif du docteur René Dujarric-de-la-Rivière. De l’hôpital inauguré en 1953, il reste avant tout le bâtiment principal, le Bloc Médico-Chirurgical qui a été labelisé ‘’Patrimoine du XXème siècle’’ en 2007, devenu ‘’Architecture Contemporaine
JL V
SOURCES :