Architecture hospitalière France

Une galerie de cure du sanatorium Rhône-Azur de Briançon

Le sanatorium ‘’Rhône-Azur’’ à Briançon

Le sanatorium ”Rhône-Azur” est l’exemple type de cette architecture héliotropique qui permettait aux patients atteints de tuberculose de se reposer en profitant de l’air pur et sec de la montagne et du soleil.    

Nous reproduisons ci-dessous, l’article que la revue Architecture Française lui a consacré en 1959.

Cet établissement, qui a été depuis reconverti, doit faire l’objet d’une requalification complète à partir de 2025

Dans la première moitié du XXème siècle on a vu se construire, loin des villes et de la pollution, de grandes bâtisses destinées à accueillir les malades atteints par la tuberculose. Cette maladie pulmonaire et osseuse contagieuse qui a pu être surnommée ‘’la peste blanche’’.

Le sanatorium de Briançon (classé Monument Historique en 2022) est l’exemple type de cette architecture héliotropique permettant aux patients de se reposer en profitant de l’air pur et sec de la montagne et du soleil. Le projet de cet établissement a été lancé en 1947 lorsque les Caisses régionales de sécurité sociale de Marseille et de Lyon décidèrent de s’associer pour le construire (d’où le nom de ”Rhône Azur”). Les incertitudes en matière de traitement de la tuberculose – notamment l’apparition des antibiotiques – reporteront toutefois sa réalisation de plusieurs années. Comme le précise la notice éditée par la DRAC, Il s’agit de l’un des derniers établissements d’importance de la “zone climatique” de Briançon.     

La découverte des antibiotiques en 1944, va heureusement fournir un traitement efficace contre cette maladie. Le sanatorium Rhône-Azur sera transformé en un établissement de soins et de réadaptation. Il doit faire l’objet d’une requalification complète à partir de 2025

Sanatorium ‘’Rhône-Azur’’ à Briançon

Architecture Française, numéro 197/198, 1959

G. Meyer-Heine, A. Arati, M. Boyer, architectes

Ce sanatorium est situé sur un terrain bordé à l’aval par la route Nationale du Lautaret à Briançon. La partie boisée a été utilisée pour le logement du personnel : un hôtel de 60 chambres pour les célibataires, la villa du directeur, 3 appartements pour les médecins, 24 appartements HLM pour le personnel marié.

Le sanatorium a été implanté à la limite Nord-Ouest afin de profiter au maximum de l’ensoleillement et des vues dégagées sur la vallée. La partie libre, située à l’Ouest du terrain est constituée par une prairie doucement inclinée vers le Sud et vers l’Est. 

Afin de donner aux malades le calme nécessaire, les divers accès (malades, visiteurs, corps médical, services) ont été placés sur la lisière Nord-Est qui est en même temps le plus élevé du terrain. Pour éviter de traverser la prairie située devant l’établissement, les 15 mètres de différence de niveau entre la Nationale et les accès sont franchis par une rampe hélicoïdale s’enroulant autour de ‘’l’usine’’ (chaufferie et buanderie) . Cette rampe se complète d’un escalier réservé aux piétons.

L’aile des enfants, orientée plein Sud, est à gauche sur le plan. le local trapéroïdal au milieu correspond à la salle de spectacle. Les deux ailes pour les adultes sont juste après à droite sur le plan dans les étages supérieurs.

Plan au niveau des cuisines : 1 : Hall – 2 : Salle de jeux des enfants – 3 : Parloir – 4 : Laboratoire – 5 : Examen radioscopie – 6 : Docteur – 7 : Attente – 8 : Douches – 9 : toilettes – 10 : Infirmière – 11 : Office-lingerie – 12 : Mécanothérapie – 13 : Salles de spectacles – 14 : Lingerie générale – 15 : Linge neuf – 16 : Citerne à mazout – 17 : Salle de traitemnt des eaux – 18 : Boulangerie – 19 : Réserve – 20 : Buanderie – 21 : Repassage – 22 : Dépensier – 23 : Salle à manger – 24 : Epluches – 25 : Cuisine diététique – 26 : Plonge – 27 : Office-lingerie – 28 : Chambres – 29 : Galerie de cures

Le sanatorium proprement dit comporte trois ailes d’hospitalisation totalement indépendantes. Les deux ailes des hommes (140 lits) sont disposées de part de d’autre d’un noyau central où sont groupés les communications verticales (4 monte-charges, 2 ascenseurs). Ces deux ailes (l’une pour les hommes non contagieux, l’autre pour les hommes contagieux n.d.l.r.) comprennent chacune, 5 étages d’hospitalisation décalés en hauteur pour s’adapter à la pente du terrain de telle sorte que l’étage le plus bas du bâtiment amont domine d’un niveau celui le plus élevé du bâtiment aval. Ainsi est assuré l’isolement absolu des deux parties et le dégagement de leurs vues sur le paysage. 

Les circulations verticales du noyau central se complètent de deux monte-malades à deux lits assurant une liaison rapide pour les allongés entre les salles de classes de travail et de réunions situées aux niveaux inférieurs et supérieurs des bâtiments. 

Plan du 1er étage : on remarquera l’unité de soins avec 7 salles de 4 lits ouvertes sur la galerie de cure orientée Sud-Sud-Est.
Plan d’un étage courant : placée de part et d’autre de l’axe central de circulation, les deux ailes d’hospitalisation sont totalement dissociées du fait de la forte dénivellation du terrain. 

Les ailes des enfants comprenant 72 lits est orienté, face au Sud, à l’autre extrémité du terrain. Elle comprend deux niveaux d’hospitalisation (9 chambres de 4 lits par étages) et dispose d’une entrée indépendante, d’une vaste salle de réunion et de jeux ouverte de plain-pied sur l’extérieur, et d’un petit lazaret pour les suspects et les contagieux. 

Ce bâtiment est relié à l’hospitalisation des hommes par deux galeries de circulation superposées sur lesquelles s’ouvrent les services médicaux et la salle de spectacles. Cette dernière est équipée d’une scène de théâtre et d’une installation de projection en cinémascope. Elle comporte un parterre et deux balcons indépendants accueillant les lits des malades dans les meilleures conditions possibles de visibilité. 

Une galerie de cure 

Les plans que nous présentons rendent compte des dispositions que nous venons d’analyser. Précisions cependant quelques aménagements.

Le hall d’entrée est accessible de la plate-forme avec un parking situé au-dessus du bâtiment de l’usine et où aboutit la rampe héliocoïdale. 

La passerelle pour les piétons enjambe la cour de service et aboutit dans le vestibule, à proximité de la porte principale, où donne, à l’opposé, le passage couvert réservé aux ambulances.

Autour du hall sont groupés tous ls services de direction et d’administration. Du hall, enfin on accède aux galeries qui constituent l’épine dorsales de l’établissement et aux circulations verticales des ascenseurs.

Le bloc médical est composé de deux couloir parallèles sur lesquels donnent les salles d’examen et de traitement d’une part, et les radios d’autre part. Ces deux couloirs permettent des circuits indépendants d’utilisation pour les malades. 

Le bloc chirurgical comporte trois salles d’opérations entièrement climatisées ainsi que les chambres d’opérés, groupées au-dessus du bloc.

En haut à gauche : la salle de spectacles vue de la scène. En haut à droite : la salle de spectacles vue vers le public. En bas à gauche : la maison du directeur. En bas à droite : Les logements des médecins.

Les sanatorium dispose d’une usine de traitement et d’assainissement des eaux et un groupe électrogène indépendant. Le chauffage est assuré par le sol qui est revêtu de dallage sauf les circulations, traitées en bulgomme.

Les baies des façades postérieures ont équipées de menuiseries en chêne avec double vitrage. Côté cure, les menuiseries sont en aluminium système Prouvé : elles comportent une régulation réglable à la partie supérieure ; elles sont équipées, comme les galeries de circulation face Sud, de glace Thermopane.    

Les façades sont revêtues de pierre Cipolin gris-vert. Les cures, isolées entre elles par des écrans translucides, sont en béton armé. Leur protection solaire est assurée par des stores de couleurs variées.

Le pourtour du sanatorium a été aménagé afin de constituer une vaste prairie dont la pente a été calculée afin que la terrasse de jeux des enfants ne soit pas visible de la route. 

Les logements du personnel ont été implantés afin de leur donner la plus grande indépendance possible par rapport au sanatorium, tant par leur orientation et leur situation dans la partie boisée du terrain, que par leur caractère architectural particulier.

Les logements HLM construits en pierres apparentes, sont couvertes par des bacs autoportants en aluminium. 

L’hôtel de 60 chambres comporte une grande salle réunions s’ouvrant à rez-de-chaussée vers le Sud et la vallée.

 Pour la villa du directeur et les appartements des médecins, on a également cherché à leur donner l’indépendance d’accès et d’usage nécessaire à la création d’une atmosphère différente du sanatorium qui se trouve pourtant à proximité immédiate.

L’inauguration à la télé en 1960

‘’Reflets de Provence’’ du 8 mars 1960 sur les antennes de l’ORTF : L’inauguration du sanatorium Rhône Azur de Briançon en présence des docteurs CALLIVET, DONATI (hygiène scolaire), du ministre LEFOUR et de Monseigneur MONABELLE. ‘’Reflets de Provence’’ du 8 mars 1960 sur les antennes de l’ORTF : L’inauguration du sanatorium Rhône Azur de Briançon en présence des docteurs CALLIVET, DONATI (hygiène scolaire), du ministre LEFOUR et de Monseigneur MONABELLE. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/raf05008529/sanatorium-rhone-azur

SOURCES :