Architecture scolaire France

L’école métallique Paul Langevin à Saint-Denis 

Concevoir et construire en quelques semaines une école de 18 classes, qui plus est démontable, sur un terrain constitué de remblais récents, avec un  budget aussi limité que possible tout en respectant les normes du ministère, tel était le défi que les architectes Paul Ohenwald et Gaston Martin ont réussi à relever en 1950 à Saint-Denis.

Une prouesse rendue possible également grâce à la Société de Construction Aéronautique et Navale (S.C.A.N.), entreprise jusqu’ici spécialisée dans l’industrie aéronautique.

Une prouesse néanmoins pratiquement inconnue du grand public puisque cette école a été démontée par la suite pour laisser place à un tout nouveau groupe scolaire construit, pour l’essentiel, en béton armé comme il se doit.

A la fin de l’année scolaire 1950 l’école de garçons du Corbillon, l’une des plus importantes de la ville, dut être évacuée compte tenu de la vétusté de ses bâtiments. La municipalité de Saint-Denis se trouva contrainte de trouver en urgence une solution alternative de façon à assurer l’accueil des élèves dès la rentrée suivante, courant octobre.

Les architectes Paul Ohnenwald et Gaston Martin, qui travaillaient déjà avec André Lurçat sur les grands chantiers de Saint-Denis, furent chargés de ce projet. Le seul terrain disponible étant constitué de remblais récents d’une épaisseur de 14 mètres environ, les architectes conclurent très vite que seule une structure préfabriquée extrêmement légère pouvait permettre de répondre aux exigences de la situation.

Les plans furent finalisés le 12 août. Ils prévoyaient : 18 classes (11 d’enseignement complémentaire, 6 classes d’enseignement élémentaires et 1 classe de physique et de dessin), 1 cuisine et 1 cantine pouvant également être utilisée comme salle de cinéma, 1 préau couvert, 1 bureau du directeur, 1 bureau pour le docteur avec une salle d’attente, 1 logement pour le gardien et 1 chaufferie en sous-sol. 

Plan d’ensemble : 1. Sport – 2. 11 classes élémentaires – 3. Travaux pratiques – 4. Médecin – 5. Cantine – 6. Cuisine – 7. Garage bicyclettes – 8. Jeux – 9. Cour – 10. Préau – 11. Concierge – 12. Directeur – 13. 6 classes élémentaires

Les résultats du concours lancé immédiatement après la finalisation des plans, amenèrent les architectes à privilégier la solution proposée par la Société de Construction Aéronautique et Navale (S.C.A.N.). Celle-ci préconisait l’emploi d’éléments préfabriqués en aluminium, de plus à en croire l’entreprise, elle devait permettre de rester dans les limites du budget alloué de 45 millions de francs de l’époque.

Le principe de construction

La charpente était composée d’éléments préfabriqués en alliage léger d’aluminium inoxydable assemblés sur place. Chaque ferme était constituée d’un cadre (de 1,22 m. x 3,80 m.) reposant sur deux jambages verticaux. La triangulation été assurée en façade principale par un contrevent de forme oblique. Entre les poteaux venait se fixer des panneaux de 1 à 4 m. de hauteur. Ces panneaux étaient pleins ou comporter des châssis fixes ou ouvrants. 

Le remplissage était constitué extérieurement par des feuillures nervurées en alliage léger d’aluminium A-G3, intérieurement par des plaques Isorel dures. Entre ces deux revêtements, on avait préalablement déposé un matelas de laine agglomérée. L’épaisseur totale du panneau était de 10 cm. Les cloisons intérieures étaient constituées de panneaux Isorel sur deux faces garnies intérieurement de laine de verre. 

Les châssis fixes ou ouvrants avaient eux aussi été réalisés en alliage léger. La rangée inférieure avait été montée à ‘’soufflets’’ pour éviter une aération directe à la hauteur des élèves.

Les fondations avaient été réalisées de façon traditionnelle en murets de béton banché. Les délais très réduits avaient conduit à utiliser des dalles préfabriquées en béton vibré, nervuré d’une épaisseur de 3 et 5 cm. A l’exception de la cantine et du préau, les revêtements de sols étaient en carreaux de 20 x 20 Dalami (mélange d’asphalte et d’amiante).

Le projet initial prévoyait une toiture à une pente. La charpente était constituée de poutrelles d’acier en treillis isolées de l’ossature. Exécutées en tôles d’aluminium pur (AL5) rigoureusement inoxydables, rivées et isolées par un matelas de laine de verre de 0,034 d’épaisseur..

Ces mêmes délais contraints avaient imposé l’utilisation d’un système de chauffage à pose très rapide. Les constructeurs avaient donc opté pour un chauffage basé sur le rayonnement suspendu aux plafonds.

Système de construction : 1. Couvre-joint agrafé aluminium – 2. Châssis basculent almasilium – 3. Contreventement Duralinox  – 4. `panneau vitré de classe Duralinox, laine de verre, Isorel – 5. Profilé de base formant renvoi d’eau – 6. Élément de cloison avec châssis basculant au-dessus du couloir – 8. Élément de toit de classe, couverture alu pur – 9. Élément de toit de couloir, couverture alu pur

vue d’angle montrant le revêtement en feuilles d’aluminium et les éléments de contreventement – T&A mai 1951
vue des bâtiments, le montage est presque terminé – T&A mai 1951

La durée exceptionnellement courte du chantier

Les travaux commencèrent le 26 août 1950. Malgré 17 jours de pluie, le gros œuvre fut terminé le 25 septembre. La pose des éléments préfabriqués fut en grande partie achevée le 15 octobre, date à laquelle, conformément à la demande de la municipalité 11 classes purent être occupées.

Les services de la cantine fonctionnèrent à partir du 25 octobre. Le 25 novembre, soit trois mois après l’ouverture du chantier, l’inauguration officielle de ce nouveau groupe scolaire put avoir lieu.

SOURCES :

  • ‘’ Le groupe scolaire cité Paul Langevin, Saint-Denis ‘’, L’Architecture d’Aujourd’hui, n034, mars 1951.
  • ‘’ Le groupe scolaire de la cité Paul Langevin à Saint-Denis ‘’, Techniques et Architecture, mai 1951.