Les 14 maisons qu’Arne Jacobsen a réalisé en 1951 à Klampenborg sont toutes simples. Mais leur disposition tout à fait innovante a très vite fait école.
Elles sont parmi les principales réalisations architecturales du célèbre architecte et designer danois Arne Jacobsen.
Il vécu dans l’une d’entre elles, face à la mer Baltique, jusqu’à sa mort en 1971.
Nous reproduisons ci-après l’article que leur avait consacré la revue Techniques & Architecture en 1952
Comme dans beaucoup de pays européens, la crise du logement était criante au Danemark dans les années d’après-guerre. Pour y faire face, l’État danois décida d’accorder des prêts bonifiés destinés à la construction des logements dont la surface restait inférieur à 110 mètres carrés et pour autant que les bâtiments soient réalisés avec des matériaux danois. Une législation qui évolua au cours de l’année 1951.
Ces besoins de constructions se concentrèrent dans les villes, en particulier à Copenhague. Les principaux organismes de construction de logement lancèrent donc d’importants programmes, souvent à la périphérie des villes ; les Danois apprécient en effet tout particulièrement de vivre proche de la nature.
Arne Jacobsen réalisa plusieurs de ces programmes de logements. Le plus connu (‘’ Søholm’’) se situe à Klampenbord, à une dizaine de kilomètres au nord de Copenhague, sur les bords de la Baltique en face de la Suède. Un lieu qu’il connaissait bien puisqu’il y avait réalisé le complexe résidentiel de Bellavista en 1934, et le Théâtre Bellevue en 1936.
Alors que l’architecture de ces bâtiments qu’il avait réalisés à Klampenborg dans les années 30 correspondaient tout à fait à l’architecture fonctionnaliste du Mouvement Moderne danois très proche du Bauhaus, Arne Jacobsen revient pour les maisons mitoyennes de Søholm I et II à une architecture plus traditionnelle avec des toits en pente et des murs en brique jaune. Était-ce un choix esthétique ou pour limiter les coûts ? Je n’ai pas la réponse. Quoiqu’il en soit, pour le programme Søholm III, l’architecte adopte des toits plats.
Le lotissement baptisé ‘’ Søholm’’ est précisément ‘’coincé’’ entre les voies ferrées et la plage. Il s’agit de maisons mitoyennes devant chacune accueillir une famille.
Arne Jacobsen va astucieusement les positionner de façon décalée et légèrement oblique afin de préserver l’intimité des occupants ; une disposition tout à fait innovante qui fut reprise par la suite par de très nombreux architectes.
Ce sont les 5 maisons de Søholm I qui vont devenir iconiques.
Sur cette vue aérienne, on peut distinguer : à gauche les 5 maisons de Søholm I, à l’arrière les 3 + 6 maisons de Søholm II, et à droite les 4 maisons de Søholm III.
Ce programme de construction a été réalisé en trois étapes.
Ce sont les 5 maisons de Søholm I qui vont devenir iconiques.
Sur cette vue aérienne, on peut distinguer : à gauche les 5 maisons de Søholm I, à l’arrière les 3 + 6 maisons de Søholm II, et à droite les 4 maisons de Søholm III.
Quand paraît l’article, Arne Jacobsen ne semble pas être encore très connu en France. Le journaliste ne signale d’ailleurs le positionnement innovant des maisons. Néanmoins, ce petit lotissement occupe deux pleines pages de la revue.
« Le terrain sur lequel fut édifié ce groupe d’habitation, est situé en bordure d’un chenal, sur la route en corniche de Klampenborg, à 10 km de Copenhague. Autrefois, l’on pouvait y voir une demeure patricienne datant de l’époque impériale, en complet état de décrépitude et d’abandon. On utilisa cet emplacement pour y construire des logements et l’architecte (Arne Jacobsen) a tenté de tirer le meilleur parti de la beauté du site et du paysage environnant.
Deux types de constructions furent adoptés : l’un consiste en une bande de cinq maisons, chacune pour une famille, ouvrant sur le sud afin de profiter du soleil et de la vue (Søholm I). Ce type de maison a été élaboré en 1946 et conçu selon les prescriptions officielles de l’époque qui restreignaient les surfaces bâties et imposaient une surface maximum admissible de 110 mètres carrés. Ce type comprend une chambre à coucher et trois pièces en rez-de-chaussée, avec une petite salle à manger en relation directe avec la salle de séjour du premier étage.
Le décalage en plan des maisons ménage un emplacement fermé sur trois faces, permettant ainsi une extension possible de la salle à manger, ce qui a été effectivement réalisé dans deux cas. La salle de séjour est placée au premier étage pour créer un lieu de calme, jouissant d’une belle vue et éloigné des passages continuels qui ne manque pas de provoquer la proximité de l’entrée et des services.
Le second type de construction (Søholm II) consiste en neuf maison en bande, chacune pour une famille, et composées de deux étages sur rez-de-chaussée. Elles sont séparées, pour préserver la vue sur la mer, en un groupe de six maisons et en un groupe de trois. Ces construction furent édifiées plus tardivement que les précédentes, au moment où une loi autorisa de porter le maximum de surface de 110 à 130 mètres carrés. Au premier étage se trouvent une grande chambre donnant vers l’est et trois autres pièces donnant vers l’ouest.
Le matériaux de construction utilisé fut la brique de couleur jaune clair qui, en se patinant, a tendance à tourner au gris, et se marie alors harmonieusement avec les teintes environnantes des granits de la région. Le grillage des balcons est jaune, quant aux parties en bois, elles ont été traitées en blanc, à l’exception de certaine maisons du second type dont les bois ont été peints en gris, de façon à s’accorder avec la teinte grisâtre des couvertures en éternit ».
JL V
SOURCES