Europe

La Cathédrale St-Paul de Londres sous le Blitz © Imperial War Musuem

Londres doit aussi loger ses sinistrés

Du 7 septembre 40 au 21 mai 1941 les bombes allemandes ont ravagé un grand nombre de villes en Angleterre.

Le bilan fut terrible : 40.000 civils et un millier de militaires tués, 90.000 blessés graves, des centaines de milliers de personnes sans abri.

Au lendemain de la guerre, on verra se multiplier des cités d’urgence préfabriquées et se développer une nouvelle génération de maisons utilisant des procédés constructifs associées depuis à un triste acronyme, le PRC.  

1942 : Churchill lance le Temporary Housing Programme

Churchill visitant East London après les bombardements le 8 sept 40 © IWM

Lors d’un discours célèbre en 1942 Winston Churchill annonce qu’il faudra construire à l’issue de la guerre, 500.000 logements préfabriqués en cinq ans pour faire face à l’urgence.

Il créé également la Commission Burt chargée de préparer la mise en œuvre de ce plan.

Parallèlement fut initié le Utility Furniture Scheme pour définir les normes applicables au mobilier construit pendant la période de guerre ; l’équivalent en quelque sorte du mobilier Reconstruction dessiné par René Gabriel et popularisé par le MRU à la Libération.

En mars 1944, Winston Churchill pu ainsi annoncer à la radio le lancement officiel de l’Emergency Factory Made Housing Programme également dénommé Temporary Housing programme.

Construire 500.000 maisons préfabriquées en 5 ans !

Selon les normes édicté par le Ministère de la Reconstruction (Ministry of Works), chacune de ces maisons devait avoir une surface habitable d’au moins 59 mètres carrés et de dépasser 2,3 mètres en largeur pour pouvoir être transportée par la route. Elle devait comprendre deux chambres, un séjour une salle d’eau et une cuisine aménagée. Elle devait être équipée d’un chauffage central au charbon et d’un bloc-eau alimentant d’une côté la salle d’eau, de l’autre la cuisine.

Pour répondre à l’ampleur de la demande, les Pouvoirs Publics exigeaient des entreprises qu’elles aient recours à des procédés constructifs non-traditionnels, notamment en utilisant le plus possible la préfabrication et la construction en série.

Les ‘’terraced houses’’ étant assimilées à un habitat insalubre, les maisons EFM devaient être des  ‘’semi-detached houses’’ pour inciter leurs habitants à cultiver un coin de jardin.    

L’exposition permanente d’Edward road à Northold

Le Ministry of Works créa rue Edward à Northold dans la banlieue de Londres un lieu d’exposition pour illustrer plus concrètement aux industriels, aux parlementaires et à la presse les aspects pratiques du Temporary Housing Programme.

Il organisa même le montage en 24 heures chrono, d’une maison préfabriquée BISF.

Montage en test d’une maison BISF à Northol © Historic England Archive
Une maison BISF, ici à Glasgow

L’exposition temporaire à la Tate Gallery

Une exposition fut par la suite organisée à la Tate Gallery afin de montrer plusieurs modèles de ces logements préfabriqués. Des manifestations qui rencontrèrent un tel succès que plusieurs autres expositions furent montées par la suite.

Montage d’une maison préfabriquée AIROH © Historic England Archive
Maison préfabriquée UK100 à la Tate Gallery © Historic England Archive
Maison préfabriquée Uni-Seco ici à Brixton © Historic England Archive               
La cuisine d’une maison Uni-Seco © Historic England Archive

Seulement 170.000 ”Prefab houses”

La 100.000ème maisons préfabriquée fut montées en janvier 1947 à Clapham dans le sud de Londres. Entre 1945 et 1951, date de clôture du programme, 170.000 maisons préfabriquées furent ainsi construites. 

Bungalows préfabriqués Phoenix © Historic England Archive             
Mobilier du Utility Furniture Scheme © Historic England Archive

Les ‘’ ’Pre-cast Reinforced Concrete houses’’

Parallèlement, un programme de ‘’maisons en dur’’ susceptibles de durer une soixantaine d’années fut lancé. Les ‘’Pre-cast Reinforced Concrete houses’’ (PRC). Basée sur une ossature en bois et en acier ou en béton, les murs extérieurs notamment étaient montés en utilisant des panneaux de béton préfabriqué renforcé. Ce type de construction ne nécessitant pas l’emploi d’ouvriers spécialisés, leur coût était économique et le temps de montage rapide. Plusieurs constructeurs se mirent sur les rangs pour proposer leur propres modèles (Wates, Airey, Unity, Cornish …). 

Un million et demi de ’’Pre-cast Reinforced Concrete houses’’ furent ainsi construites entre 1945 et 1960 permettant de résoudre en partie la crise du logement. 

Wates houses © Historic England Archive             
Airey houses © Historic England Archive
Unity house © Bristol Record Office          
Cornish-type 1 house
Orlit house © Historic England Archive          
Tarran house © Historic England Archive

Les Pouvoirs Publics déclarèrent en 1984 ces maisons potentiellement ‘’en état de péril imminent’’ car une réaction chimique entre le béton et la structure métallique pouvait rendre les panneaux friables. Un dispositif fut mis en place pour remplacer les planchers, les murs extérieurs et bien souvent les cloisons intérieures afin d’obtenir un certificat de conformité d’autant que beaucoup de ces maisons contenaient de l’amiante. Toutefois ce dispositif pris fin en 1990. Triste nouvelle pour les propriétaires qui n’avaient pas entrepris ces travaux car ils ne pouvaient plus gager leur prêt immobilier sur la valeur de leur bien ! 

Des films d’époque à visionner

Pour conclure, nous vous proposons de visionner des films de l’époque :

JL V

SOURCES :