L’église du plateau d’Assy marque un véritable tournant dans le renouveau de l’art sacré. Un mouvement initié avant-guerre et qui va révolutionner après guerre le décor des lieux de culte.
Mais c’est l’une des figures de proue de l’architecture moderne des années 30 qui va renouveler la forme classique du plan en croix latine.
Dès l’entre-guerre, des voix s’étaient élevées au sein même de la communauté catholique pour remettre en cause un certain nombre des principes de base de l’art sacré, des principes qui paraissaient jusqu’alors intangibles. Un mouvement qui va naturellement repartir et s’amplifier avec la Reconstruction. Une évolution qui sera actée au début des années 60 lors du Concile Vatican II.
L’église du plateau d’Assy marque un véritable tournant dans le renouveau de l’art sacré. Un mouvement initié avant-guerre par les Dominicains et qui va révolutionner avec la Reconstruction et au début des années 50 l’architecture et le décor des lieux de culte. On va ainsi voir intervenir de nombreux artistes réputés, croyants ou non croyants, et voir l’art abstrait s’imposer après bien des débats.
Au même moment, c’est l’une des figures de proue de l’architecture moderne des années 30, Georges-Henri Pingusson qui va renouveler la forme classique du plan en croix latine.
Située à Passy en Haute-Savoie, cette petite église de montagne marque un véritable tournant dans le renouveau de l’art sacré, au sens strict. Depuis la fin du XIXe siècle, le plateau d’Assy est un lieu de cure pour les malades atteints de la tuberculose. Juste avant-guerre, il est décidé d’y faire construire une église pour les curistes. L’architecte Maurice Novarina conçoit alors un édifice au demeurant assez classique, inspiré par l’architecture locale. Mais les travaux sont interrompus par la guerre. L‘église n’est achevée qu’en 1946.
Grace à l’intervention du père Couturier, un Dominicain qui dirige la revue Art Sacré, des artistes de tout premier plan vont accepter de décorer l’édifice. Fernand Léger, André Lurçat, Georges Braque, Marc Chagall, Henri Matisse et Jean Bazaine notamment vont intervenir pour faire de cette petite église de montagne un lieu absolument exceptionnel.
Consacrée en 1950, l’église du plateau d’Assy a été fortement contestée par une partie des catholiques, l’évêque d’Annecy allant même jusqu’à soustraire de la vue du public le Christ de Germaine Richier en 1951), mais elle a connu tout de suite un retentissement international remarquable.
Construite sur les hauteurs de Vence entre 1949 et 1951, la chapelle Dominicaine Notre-Dame du Rosaire, dite aussi chapelle Matisse, est un monument d’art sacré tout à fait unique. Pour la première fois, un peintre va réaliser un monument dans sa totalité, de l’architecture au mobilier liturgique et aux vitraux.
Entouré par des religieux, le Frère Rayssiguier et le Père Couturier, conseillé par des architectes, Auguste Perret et Milon de Peillon, Henri Matisse a en effet élaboré à Vence les plans de l’édifice et tous les détails de sa décoration : vitraux, céramiques, stalles, bénitiers, objets du culte, ornements sacerdotaux…
Pour l’époque, c’est une révolution
L’autel est au centre de l’espace et tourné à 45° pour regarder à la fois les deux nefs, celle réservée aux religieuses et celle pour les laïcs. Trois grandes œuvres réalisées au trait sur des céramiques blanches décorent les murs immaculés de l’édifice, que seuls les reflets bleus, verts et jaunes des vitraux viennent colorer.
Tout comme l’église du plateau d’Assy, la petite église paroissiale d’Audincourt dans le Doubs est, elle-aussi, l’œuvre de l’architecte Maurice Novarina.
Construite entre 1949 et 1951 par plus d’une centaine de volontaires pour l’essentiel ouvriers des usines Peugeot de Sochaux, et grâce aux dons des paroissiens, cette petite église de village alimenta elle aussi, d’intenses débats.
L’édifice est au demeurant assez classique est construit en béton et en pierre du pays. La nef rectangulaire, qui se termine par une abside semi-circulaire, est couverte par une voûte en arc surbaissé.
Grace à l’intervention du Père Couturier, de nombreux artistes sont venus décorer cette nouvelle église à partir de 1951. Une impressionnante mosaïque Les vitraux et les mosaïques du baptistère ont été dessinés par le peintre Jean Bazaine. Les 17 panneaux de verre très colorés qui forment une étonnante ceinture de lumière tout autour de la nef ont été réalisés par l’atelier de Jean Barillet sur des cartons de Fernand Léger. Les vitraux de la crypte sont l’œuvre de Jean Le Moal.
Le succès de l’église du Sacré-Cœur d’Audincourt fut immédiat et son rayonnement évident. Mais comme le souligne Françoise Caussé, « c’est l’introduction d’un art non-figuratif dans une église qui cristallisa les attaques ».
Comme l’explique Gilles Ragot, l’intervention d’artistes d’avant-garde dans les églises du plateau d’Assy et d’Audincourt ainsi que dans la chapelle de Vence permet de recentrer le débat, au-delà de la question du décor, sur l’essence même de l’architecture religieuse moderne, c’est-à-dire sur la question de l’indicible : l’espace, la lumière, la plasticité des matériaux, la couleur. Néanmoins, comme le souligne l’architecte Pierre Pinsard , « les admirables vitraux de Fernand Léger à l’église d’Audincourt n’en font pas pour autant une église ». Les œuvres de Novarina, comme la chapelle de Matisse, ne renouvellent pas les formes architecturales.
Le discours symbolique du retour aux sources chrétiennes est une composante très représentative de l’état d’esprit des concepteurs d’églises après la Seconde Guerre mondiale, avec en particulier la remise en cause du plan traditionnel qui peut se résumer dans l’équation suivante : église = nef + transept + chœur.
Figure de proue de l’architecture moderne d’avant-guerre, avec notamment son célèbre hôtel 43 à Saint-Tropez, George-Henri Pingusson est aussi connu pour les quatre églises qu’il a construites en Moselle à Corny, Borny, Fleury et à Boust. George-Henri Pingusson a ainsi pu mettre en pratique les idées originales qu’il avait formulée avant-guerre, en particulier la remise en cause du plan traditionnel en croix latine adopté par les églises catholiques romaines.
Si le projet de l’église Saint-Maximin de Boust est lancé en 1955, les travaux de gros-œuvre de cette église rurale de Moselle ne débutent qu’en novembre 1960 pour s’achever deux ans plus tard, les vitraux n’étant installés qu’en 1965. Le plan de l’église de Boust reprend celui que l’architecte avait prévu pour son projet, non réalisé, d’église à Arcueil dès 1938. Il est en soi révolutionnaire. « Ici, l’église à plan centré est précédée d’un vaste parvis extérieur qui conduit à un narthex accueillant le fidèle avant son entrée dans le baptistère, puis dans le déambulatoire conduisant à la nef circulaire ». George-Henri Pingusson positionne sur un parcours précis organisés autour d’un long mur, les principales fonctions réunies traditionnellement dans un même édifice en des volumes distincts.
La présence monumentale de ce mur conduit les fidèles du parvis vers l’intérieur d’un bâtiment circulaire coiffé d’une coupole conique au centre duquel se trouve l’autel. Cette coupole est surélevée de façon à laisser entrer la lumière à l’intérieur au travers d’un vitrail circulaire continu composé de dalles de verre peints par Silvano Bozzolini.
L’impressionnant campanile haut de 18 mètres tout comme la sacristie sont accolés à ce long mur, mais derrière celui-ci. A l’opposé du parvis, deux escaliers symétriques permettent d’accéder depuis l’extérieur à la crypte qui se situe sous le volume de la nef.
Si le projet de l’église Saint-Maximin de Boust est lancé en 1955, les travaux de gros-œuvre de cette église rurale de Moselle ne débutent qu’en novembre 1960 pour s’achever deux ans plus tard, les vitraux n’étant installés qu’en 1965. Le plan de l’église de Boust reprend celui que l’architecte avait prévu pour son projet, non réalisé, d’église à Arcueil dès 1938. Il est en soi révolutionnaire. « Ici, l’église à plan centré est précédée d’un vaste parvis extérieur qui conduit à un narthex accueillant le fidèle avant son entrée dans le baptistère, puis dans le déambulatoire conduisant à la nef circulaire ». George-Henri Pingusson positionne sur un parcours précis organisés autour d’un long mur, les principales fonctions réunies traditionnellement dans un même édifice en des volumes distincts.
La présence monumentale de ce mur conduit les fidèles du parvis vers l’intérieur d’un bâtiment circulaire coiffé d’une coupole conique au centre duquel se trouve l’autel. Cette coupole est surélevée de façon à laisser entrer la lumière à l’intérieur au travers d’un vitrail circulaire continu composé de dalles de verre peints par Silvano Bozzolini.
L’impressionnant campanile haut de 18 mètres tout comme la sacristie sont accolés à ce long mur, mais derrière celui-ci. A l’opposé du parvis, deux escaliers symétriques permettent d’accéder depuis l’extérieur à la crypte qui se situe sous le volume de la nef.
JLV
Sources :