France

Reconstruction du village du Boquel, études préliminaires

En complément de notre article ‘’la reconstruction singulière d’un village picard’’, nous reproduisons ci-après l’essentiel de l’article paru en mars 1946 dans la revue Techniques & Architecture sur les études préliminaires de la reconstruction de ce village picard entièrement détruit en juin 1940, Le Boquel.

L’urbaniste, architecte et ethnologue Paul Dufournet ne va pas seulement convaincre les autorités de Vichy, puis le M.R.U. d’en faire un modèle de la reconstruction de la France rurale. Il va concevoir et réaliser une œuvre visionnaire, part trop méconnue. 

LE BOSQUEL, études préliminaires et premières réalisations

Urbaniste : Paul DUFOUNET – Architectes : Jean BOSSU, Pierre DUPRE, Louis MIQUEL – Architecte conseiller technique : Mannes DEGRAAF

En ces temps de transition, les manières de construire, retardées par la routine et par les conditions matérielles des plus difficiles ne répondent pas encore aux besoins nouveaux qu’affirme la transformation des manières de vivre.

Aussi la réalisation immédiate malgré cette incompatibilité d’un village complet (seize fermes de plus de 50 ha et toutes les activités complémentaires), après destruction totale par la guerre et après redistribution complète des terres, est l’une des entreprises les plus importantes et les plus décisives parmi celles que se poursuivent actuellement.

Il ne s’agissait pas de créer des prototypes qui puissent ne pas être réalisables dans l’avenir immédiat, (la préfabrication est encore loin d’être organisée en France) et de pouvoir répondre aux exigences d’une reconstruction ‘’éclair’’. Il ne s’agissait pas non plus de créer au plus vite avec les moyens du bord des constructions qui n’auraient pu avoir un caractère traditionnel plus ou moins réel, car cette expérience n’eut pas porté les fruits qu’on peut attendre d’un village témoin. Il fallait se garder aussi de faire une reconstitution historique.

Il s’agissait de satisfaire, avec les possibilités du moment, mais pour longtemps, a des programmes paysans modernes, transformés par les méthodes de culture nouvelles, par l’électrification, par le machiniste. Il s’agissait de créer de toute pièce un milieu social favorable à une vie collective et familiale évoluée : construire sur table rase un cadre rural harmonieux qui soit à la fois le moyen de développement et l’expression formelle d’un complexe d’existences actives et heureuses. Et en même temps tenter de pressentir les possibilités de l’avenir et marquer une orientation d’une portée dépassant les limites du programme posé.

Les documents qui suivent montrent les résultats de la première phase des études. S’appuyant sur des principes de construction et de composition rationnels : charpente en bois – murs portants – portiques de béton armé – dissociation des structures portantes et du contenu organisé – association raisonnée et franchement accusée de méthodes de préfabrication et de procédés artisanaux ‘’du bord’’ – ces projets satisfont aux conditions matérielles essentielles de l’Architecture passagères et permanentes : Structure et Fonction se répondent et répondent aussi aux conditions de la France, avec une richesse plastique presque débordante.

Ces formes inaccoutumées qui résultent des conditions posées ont provoqué et provoquent encore des réserves de la part de certains. Il est inévitable qu’œuvre jeune et vivante implique un bouleversement d’habitudes. Mais ceux qui sont libres de préjugés sauront découvrir en puissance dans ce nouveau village de France qui est en train de renaître, tout ce qui nous fait aimer les villages anciens : cet équilibre indéfinissable et unique qui est le signe de la vie, harmonieuse et saine, et qui s’affirme sous les formes infiniment diverses de la nature.  

N.D.L.R.

Recherches de structures 

Les premières recherches sur les techniques des fermes. La toiture Le Ricolais suggère sur des variations de matériaux des formes identiques ou dérivées. On aperçoit les avantages du ‘’parapluie’’ : il offre un plan libre et permet de construire la toiture avant le gros œuvre, ce qui peut être un avantage dans le cas d’une construction en béton de terre.

Le principe de construction du Bocquel sur ce thème : les ‘’parapluie’’, éléments légers de protection, sont montés rapidement et abritent les ‘’blocs’’ des contenants réalisés en dur (logement des bêtes, etc…).

Les premières coupes du Bosquet. Les superstructures en Ricolais nous offrent des variantes à l’infini de ‘’parapluies’’ tant pour les exploitations que pour les bâtiments annexes et habitations. Nous voyons l’extrême indépendance de ces superstructures sous lesquelles se logent les construction en dur.

Profils en long des habitations en terrain déclive

Recherches des enveloppes 

Les habitations de part et d’autre de la RN 320 qui descends dans la plaine. On a essayé de rompre la silhouette en ‘’cascade’’ que conditionne inévitablement une construction sur terrain en déclivité. Les ‘’parapluies’’ permettent de réaliser çà et là des ruptures qui divertissent les profils en long.

La technique du béton de terre entraîne une construction en ‘’porteur’’ (refends et mitoyens) et en remplissages (façades).

Le ‘’parapluie’’ entraîne le rassemblement de toutes les fonctions en construction monobloc.

Premières réalisations 

Chantier n°1: la ferme Quesnel

Le bâtiment d’exploitation de la ferme Quesnel

Chantier n°2 : la ferme Cauchy 

Le principe adopté à la suite du chantier Quesnel, pour la totalité des autres fermes, est le suivant : portique de béton armé espacés de 4 m 50, ce qui permet des charpentes économiques) et entre lesquels on disposera un matériau de remplissage.

Nous avons adopté pour le Bosquel comme éléments de remplissage la brique pour les habitations et le parpaing de béton de terre pour les exploitations et annexes. Ces parpaings apportent les mêmes avantages isothermes sans avoir par ailleurs les inconvénients du banchage.

Le principe adopté à la suite du chantier Quesnel, pour la totalité des autres fermes, est le suivant : portique de béton armé espacés de 4 m 50, ce qui permet des charpentes économiques) et entre lesquels on disposera un matériau de remplissage.

Nous avons adopté pour le Bosquel comme éléments de remplissage la brique pour les habitations et le parpaing de béton de terre pour les exploitations et annexes. Ces parpaings apportent les mêmes avantages isothermes sans avoir par ailleurs les inconvénients du banchage.

Chantier n°3 : la ferme Robiquet

La ferme Ropiquet possède une étable identique aux fermes voisines, mais en surplus, un fumier couvert qui permet la stabulation des animaux en liberté. C’est un hall qi peut recevoir toutes sortes d’animaux selon l’état du marché. Un pont roulant le long de la fumière couverte permet de réaliser les translations longitudinales et transversales électriquement. Elle sera la seule ferme qui réalisera une économie à tendance industrielle. Les autres fermes restant plutôt des exploitations à économe familiale.