France Réhabilitations exemplaires

Réhabilitation exemplaire : la tour Ravel à Sarcelles

Entre 1954 et 1976, Jacques Henri-Labourdette et Roger Boileau ont construit à Sarcelles pour un bailleur unique : la Caisse des Dépôts plus de 12.000 logements économiques. Preuve de l’engagement des Pouvoirs publics pour résoudre la crise du logement.

Malheureusement, Sarcelles est bien vite devenue l’archétype de cette politique des grands ensembles et de son rejet.

Construite en 1958, la tour Ravel a fait l’objet d’une réhabilitation en tous points exemplaire. Conduite par l’agence Équateur, elle démontre qu’une rénovation bien pensée permet d’obtenir des performances énergétiques équivalentes à celles d’une construction neuve, tout en préservant les qualités architecturales d’un immeuble des années 50, en évitant ainsi de coûteuses opérations de démolition-relogement-construction neuve.

Construite en 1958, la tour Ravel est située dans le quartier des Lochères, au milieu d’une grande place, en face de la gare de Sarcelles. Basée sur un plan carré de 20 mètres de côté, avec quatre appartements de 78 m2 à chaque angle, la tour comporte quatorze étages au-dessus d’un rez-de-chaussée dédié à des surfaces commerciales. 

Vue aérienne du grand ensemble des Lochères © Equateur (en rouge, la tour Ravel)
Plan de situation du projet Ravel © Equateur

La tour Ravel avait déjà fait l’objet de plusieurs opérations de rénovation, mais leurs résultats s’étaient révélés insatisfaisants. Le bailleur social Paris Habitat a donc décidé de lancer une opération de réhabilitation d’envergure. Un concours d’architecture a été organisé en 2011 ; il fut remporté par le groupement Equateur-Sincoba-Altéréa.

Plan d’un étage courant de l tour Ravel
La tour Ravel en 2011 avant la réhabilitation

Les enjeux du projet

Outre la résolution des problèmes habituels rencontrés avec ce type de bâtiments en matière d’isolation thermique, de mise aux normes et d’amélioration de l’intérieur des logements, la réhabilitation devait remédier à d’importantes nuisances acoustiques. Les façades Est et Sud de la tour Ravel sont en effet directement exposées aux passages des trains de banlieue et des TGV ainsi que par le trafic de l’aéroport Charles de Gaulle. 

Le chantier a été réalisé en site occupé, avec environ 3 semaines d’intervention dans chaque appartement. La livraison a été effectuée en septembre 2018. Le budget des travaux s’est monté à un peu de plus de 3 millions d’euros pour 56 logements et une surface de plancher d’un peu moins de 5.000 mètres carrés. 

L’opération a permis d’atteindre des performances équivalentes à celles d’une construction neuve, notamment en matière de performances énergétiques et de bilan carbone. L’isolation acoustique a été très sensiblement améliorée, à la grande satisfaction des habitants.

La réhabilitation réussie d’une façade légère préfabriquée   

Une partie importante des Grands Ensembles construits entre la seconde moitié des années 50 et les années 70 font appel à des façades légères préfabriquées. Des murs-rideaux en aluminium-contreplaqué-isorel particulièrement énergivores. 

La réhabilitation de la Tour Ravel démontre qu’il est possible de les rénover, sans avoir à reloger les occupants et d’éviter ainsi de coûteuses opérations de démolition-relogement-construction neuve.

Sondage dans la façade existante
Dépose de la façade existante 
La pose des nouvelles façades préfabriquées
La pose des nouvelles façades a été effectuée de bas en haut 

Comme l’explique l’architecte Marc Bernard de l’agence Équateur : « L’enveloppe existante est formée de panneaux de façade et de fenêtres implantées selon une trame rigoureuse de 135 cm. Le montage des panneaux de façade a été réalisée par un système de serrage mis en œuvre depuis l’intérieur des logements. L’ossature principale est constituée d’un cadre métallique solidaire du béton sur lequel est serré », par des couvre-joints, un complexe CP-isorel-CP-vide-CP-feuille d’aluminium de 97 mm d’épaisseur.

Il poursuit : « le mode constructif permet une dépose relativement aisée des façades et leur renouvellement. Le remplacement complet de façades a été réalisé avec des panneaux préfabriqués en bois Panobloc et Techniwood et a permis d’atteindre des performances équivalentes à une construction neuve ».

Les résultats de cette réhabilitation  

« L’opération illustre la possibilité de faire évoluer le bâti des années 1950 jusqu’à un niveau de performance et de confort proche de celui d’une construction neuve, à condition d’analyser de manière précise ses particularités constructives et de s’appuyer sur la rigueur et l’intelligence des architectes de cette période. Elle souligne le potentiel de renouvellement des façades légères préfabriquées de cette période, généralement obsolètes techniquement mais pouvant présenter des qualités architecturales indéniables, par des systèmes équivalent contemporains qualitatifs et durables ».

Performances énergétiques et bilan carbone
Détail de la façade après travaux © Coline Bublex
La tour Ravel en 2011 avant la réhabilitation
La tour Ravel après les travaux © Coline Bublex

Gageons que cette réhabilitation exemplaire donnera envie à d’autres maîtres d’ouvrage et bailleurs sociaux de préférer remplacer ces façades légères plutôt que de démolir des immeubles de cette époque pour en reconstruire des nouveaux. 

J-L V

SOURCES :

Nous tenons à remercier tout particulièrement l’agence Équateur pour nous avoir fourni toute la documentation nécessaire. 

  •  ‘’Réhabilitation de la tour Ravel Gare à Sarcelles’’, Marc Bernard, 9ème Forum International Bois Construction, 2019
  • ‘’Réhabilitation de la Tour Ravel, analyse de l’opération’’, Observatoire des CAUE, www.caue-idf.fr