France Réhabilitations exemplaires

© J.Y. Lacoste RVA

Réhabilitation exemplaire : Lurçat à Saint-Denis

Construite entre 1956 et 1962 par l’architecte André Lurçat, la Cité Auguste Delaune s’est vu décerné le label “Architecture contemporaine remarquable”.

La Cité Auguste Delaune a fait l’objet en 2019/2020 d’un vaste programme de réhabilitation mené à bien par l’agence RVA.

Une réhabilitation que l’on peut qualifier d’exemplaire.

Construite entre 1956 et 1962 par l’architecte André Lurçat, la Cité Auguste Delaune s’est vu décerner le label “Patrimoine du XXe siècle “, aujourd’hui “Architecture contemporaine remarquable”. La Cité Auguste Delaune a fait l’objet en 2019/2020 d’un vaste programme de réhabilitation mené à bien par l’agence RVA, et que l’on peut qualifier d’exemplaire.

La Cité Auguste Delaune

Pour André Lurçat, la Cité du Colonel-Fabien devait être le prototype de son concept d’Unité d’habitation . Malheureusement, le terrain sur lequel il devait bâtir sa cité-jardin urbaine idéale n’était pas assez grand à son goût ; il lui aurait fallu pouvoir s’étendre au sud, sur le territoire de la commune voisine.

Lasse de pouvoir obtenir gain de cause, l’architecte de la ville de Saint-Denis convaincu la Municipalité de construire une autre cité – la future Cité Auguste Delaune – sur les terrains de l’ancienne usine Delaunay-Belleville, au nord de la cité Colonel-Fabien, de l’autre côté de l’avenue du même nom. André Lurçat va dessiner cette extension en respectant soigneusement les alignements et les symétries entre ces deux cités comme on peut le constater sur ce plan-masse. La Cité Auguste Delaune est encadrée en pointillés rouges, la cité Colonel-Fabien occupe la majeure partie du plan.

Plan-masse avec les axes de symétrie
La cité Auguste Delaune fin des années 1960 – Photo Yves Guillemault

La Cité Auguste Delaune comprend 190 logements, répartis dans deux types de bâtiments. En bordure de l’avenue, cinq tours de cinq niveaux répondent aux volumes de la cité Colonel-Fabien située en face. A l’arrière, cinq immeubles barres de 4 niveaux. décalée par rapport à la première de façon à ouvrir des vues depuis les appartements. 

Les deux alignements d’immeubles de la Cité Delaune se distinguent des autres cités par leur faible hauteur et leurs façades en briques. Une qualité architecturale qui  justifié l’octroi en 2008 du label « Architecture contemporaine remarquable ».

L’immeuble barre de 11 étages et 109 logements, situé à l’ouest dans l’axe de l’entrée de la cité Fabien, constituait la troisième tranche de la Cité Delaune construite en 1962. Toutefois, ce bâtiment en béton est aujourd’hui identifiée comme une partie de la cité Pierre Sémard.

Photos d’époque © Dpt de la Seine-Saint-Denis

Une restauration exemplaire

En accord avec l’Architecte des Bâtiments de France, l’agence RVA avait proposé l’installation d’une isolation thermique par l’extérieur préservant au maximum l’aspect des façades d’origine. 

Les façades en briques posées à l’anglaise d’origine ont ainsi été recouvertes d’une isolation thermique extérieure de 14 centimètres, puis d’une nouvelle façade en plaquettes dont les dimensions, les textures et les teintes sont au plus proches des briques d’origine. Le soubassement existant possédant une cueillie d’environ 5 à 6 centimètres a été restitué et est couvert d’enduit blanc cassé.

Nouvel encadrement en aluminium © JLV

Toutes les menuiseries coulissantes existantes ont été remplacées par des menuiseries à 3 ou 4 vantaux s’ouvrant à la française.

Les coffres en aluminium blanc des volets roulants en aluminium ont été posés à l’extérieur pour offrir le maximum de luminosité aux habitants.

Des ventilations double flux ont été installées.

Les encadrements ont été réalisés en tôle pliée soudée prélaquée peints avec une peinture à charge minérale blanc cassé restituant l’aspect du béton.

Nouvelle entrée de l’immeuble © JLV

L’ensemble des modénatures spécifiques des entrées d’immeuble ont été conservés ou restitués. Les boîtes aux lettres, initialement situées à l’extérieur, ont été intégrées dans les halls.

Par ailleurs, de nombreux travaux de réhabilitation (remplacement à 80 % des appareils sanitaires et des faïences notamment) et de remise aux normes des installations électriques ont été entrepris dans les appartements ainsi que dans les parties communes. 

Montant total des travaux : 6,2 millions d’euros pour 189 logements réhabilités et 9 704 M2 SHAB.

Une restauration exemplaire qui devrait donner des idées à de nombreux propriétaires et maitres d’ouvrage d’immeubles de la Reconstruction et des années 50.

JLV

Pour en savoir plus sur les autres cités réalisées par André Lurçat à Saint-Denis cliquez ici

SOURCES :

  • André Lurçat, Autocritique d’un moderne, Jean-Louis Cohen, Éditions Mardaga, 1995, 309 pages
  • L’architecte André Lurçat, Pierre et Robert Joly, Éditions Picard, 1995, 263 pages
  • Œuvres récentes, André Lurçat, Éditions Vincent Fréal, 1961
  • L’œuvre d’André Lurçat en Seine Saint-Denis (1945-1970), Parcours du Patrimoine, Nathalie Simonnet , 2008, 62 pages.
  • Photographies d’époque des Archives municipales de la Ville de Saint-Denis
  • Remerciement tout particulier à l’Agence RVA. pour nous avoir autorisé à reproduire ses documents, notamment le schéma de l’isolation par l’extérieur et à Jean-Yves Lacoste pour ses photos