France

Une colonie de vacances à Ronces-les-Bains

A la Libération, la société Électro-chimie, d’Électro-métallurgie et des Aciéries Électriques d’Ugine (future Pechiney Ugine Kulmann) décide de construire une colonie de vacances pour les enfants de son personnel.

Cet article de la revue Architecture Française qui lui est consacré est intéressant car il illustre bien les conditions de réalisation d’un tel programme en 1947/48.

La colonie de vacances permanente de Ronces-les-bains

Architecture Française, 1950

Olivier Rabaud, Architecte D.P.L.G.

Il n’y a pas plus de 15 ans que l’organisation de colonies de vacances permanentes se généralise. Dans la plupart des cas, il s‘agit de grandes demeures du genre « château », ou d’anciens hôtels transformés. Cette habitude, cependant, n’en est pas moins sans inconvénients et les nouvelles méthodes de pédagogie active la condamne formellement.

Par ailleurs, la formule « camp », infiniment préférable, ne saurait s’appliquer qu’à des enfants d’environ 15 ans. Enfin, les villages d’enfants, presque inconnus en France, répondent à d’autres soucis.

Entre ces diverses formules, il y avait donc place pour une colonie permanente destinée à des enfants de 7 à 11 ans. 

C’est ce genre de colonies dont la construction a été décidée pour les enfants des familles ouvrières d’une industrie dont la plupart des usines sont dans les vallées de Savoie, et qui avaient particulièrement souffert des déficiences alimentaires de la guerre et de l’occupation. 

Il faut ajouter que les médecins attachés à ces usines avaient demandé que cette nouvelle colonie fût au bord de la mer, les autres colonies de cette société étant en haute montagne.

Situation et orientation

Cette colonie a été construite pour recevoir, chaque année, en deux sessions successives de 5 semaines chacune, deux cents garçons et deux cents filles du personnel de la Société Électro-chimie, d’Électro-métallurgie et des Aciéries Électriques d’Ugine.  

L’extrême douceur du climat permet, en outre, d’utiliser certains bâtiments de cette colonies en dehors des périodes de vacances scolaires, pour abriter des employés adultes dont l’état de santé nécessiterait un repos aéré.

Le terrain de 23.000 m2 est situé dans la Charente-Maritime, à quelque distance de la mer. Ce léger recul (300 m. environ) suffit à protéger les enfants des effets trop oxydants de la brise marine, grâce aux dunes et aux plantations de pins qui les séparent de la plage. 

Afin d’éviter l’excès de chaleur l’été et de profiter au maximum de l’ensoleillement, les bâtiments ont tous été orientés au sud-sud-ouest. De la sorte, les premiers rayons du soleil assainissent les façades nord-nord-est, l’orientation choisie et les plantations de pins font le reste. 

Le plan

La disposition générale choisie résulte du système de colonie préconisée par les organisateurs spécialisés, en l’occurrence la commission des colonies de vacances du Comité Central d’Entreprise, le Ministère de l’Éducation nationale et les diverses associations éducative particulièrement orientées sur la diffusion des méthodes moderne de pédagogie active. 

Les enfants sont fractionnés en groupes de 12 relevant chacun d’un moniteur. Quatre groupes forment une « maison », dirigée elle-même par un moniteur responsable. L’ensemble groupe 4 maisons de 48 enfants et des services généraux communs.Cette méthode permet de partager les enfant en quatre catégories suivant leurs âge physique vrai, d’après les mensurations, l’examen médical d’entrée et les tests. Ces quatre « maisons » ont ensuite des activités distinctes, adaptées aux enfants, et les résultats médicaux de la première année prouvent me rendement excellent du principe adopté.

Une maison

Chaque maison comporte quatre dortoirs de douze enfants, quatre chambres pour les moniteurs de groupe, permettant la surveillance directe du dortoir pendant la nuit, une chambre de chef de maison, une salle de jeu et un groupe sanitaire.

Dans chaque dortoir, des armoires spéciales, scellées au mur, permettent le rangement des affaires personnelles des enfants, sans que risquent jamais de traîner effets, bagages, ou objets.

Les services médicaux

Autour d’une cour dont le centre est marqué par le mât du pavillon et de pavois, sont rassemblés :

  • D’une part l’infirmerie avec cinq chambres, salles d’examen, salle de pansements, salle de convalescence, salle de bains, lingerie, les douches, et une buanderie.
  • D’autre part, l’appartement du directeur et le bureau de l’économe, la cuisine, le réfectoire, le logement du gardien, les chambres du personnel.
  • Un théâtre de verdure complète l’ensemble et crée un lieu de feux de camp, cinéma en plein air ou fêtes d’art dramatique.

Procédé de construction

Commandé par le temps, la pénurie de matériaux et l’économie, le procédé se ramène à l’emploi généralisé des blocs athermanes qui assurent aux moindres frais le maximum d’isolement thermique.

Les quelques particularités se ramènent à l’emploi du fer dans les planchers et menuiserie, pour éviter l’action des termites malheureusement répandus dans la région où ils font d’appréciables dégâts. Les planchers sont en éléments de tôle pliée garnis de béton de pouzzolane. 

Tous les plafonds ont reçu une protection isotherme constituée par un matelas de laine de verre déroulé sur le faux plancher. 

L’ensemble des locaux accessibles aux enfants est carrelé en demi-grès, pour résister à l’action abrasive du sable et faciliter l’entretien : ce dernier est simplifié par l’emploi de tuyau d’arrosage au lieu de balais pour le ménage à l’intérieur des locaux (gargouille d’évacuation sous les fenêtres).Le chantier commencé le 20 juillet 1947 a été achevé le 15 juillet 1948 ».

La ”Colo” aujourd’hui

La colonie de vacances a été remplacée par un village de vacances ”village club du soleil”. Extérieurement, elle a peu changé. Elle est toujours située 17 bis avenue de l’océan à Ronce-les-bains.