Construite pour remplacer l’ancienne église détruite en 1940, l’Église Saint-Pierre Saint-Paul est un monument emblématique de la Reconstruction de Maubeuge.
Avec cette église achevée en 1958, André Lurçat complète le remodelage complet de cette cité qu’il a entrepris dès 1945. Son centre intra-muros avait été en effet presqu’entièrement détruit par les bombes incendiaires allemandes au début de la guerre.
Le ‘’Nouveau Maubeuge’’, pour reprendre le titre d’un article de la presse de l’époque, fait figure d’exemple, tant en matière d’urbanisme que par son architecture.
L’église de Maubeuge ayant été entièrement détruite en 1940, les autorités installèrent une église provisoire dans un baraquement, rue Coutelle. Un provisoire qui ne s’acheva qu’en novembre 1958 avec la bénédiction de la nouvelle église Saint-Pierre-Saint-Paul.
Comme dans presque toutes les villes sinistrées, la priorité avait été donnée à la reconstruction des moyens de transport et de production, puis au logement des sinistrés. Vinrent ensuite les bâtiments publics, et enfin les lieux de culte.
André Lurçat, architecte-en-chef en charge de la Reconstruction de Maubeuge, étant un fervent communiste, ne pouvait envisager de reconstruire la nouvelle église à l’emplacement de l’ancienne. Finalement, après de longues discussions avec le doyen Fiévet, il fut décidé de la positionner entre deux alignements d’immeubles, sur l’avenue Franklin Roosevelt qui part de la place des Nations vers la Porte de Bavay.
En 1949, André Lurçat est désigné pour reconstruire la nouvelle église. Celle-ci doit pouvoir accueillir environ 1.000 personnes et l’architecte ne dispose que du montant des dommages-de-guerre alloués par les Pouvoirs publics.
André Lurçat présente son projet détaillé à la municipalité le I8 mai 1949. un édifice tout en béton, basé sur un plan trapézoïdal avec un clocher de 43 mètres de haut.
La Commission d’Art Sacré du diocèse de Cambrai, à qui le projet est présenté, va émettre un certain nombre de réserves. Le Doyen Fiévet ira même jusqu’à déclarer : « Je n’ai pas à discuter les décisions prises puisque l’on ne m’en prie pas. Il est regrettable que plusieurs personnes discutent personnellement de ce projet avec la municipalité et que le curé du lieu passe aux yeux des officiels pour incompétent et non mandaté». Ce qui explique sans doute que Maubeuge n’ait pu ainsi bénéficier de financements supplémentaires accordés par Fédération nationale des groupements d’églises et édifices religieux sinistrés qui avait été créé en 1946 par l’Église catholique.
La cérémonie de la pose de la 1ère pierre de la nouvelle église a lieu le 15 août 1955. Les travaux, suivis par les architectes Henri et Éric Lafitte s’achèveront en 1958. Les photos suivantes du chantier sont extraites de l’ouvrage de Michel Fontaine ‘’Maubeuge, 1945-1958’’.
La nef en forme de trapèze se rétrécit progressivement pour mettre en évidence le chœur et l’autel. Un maître-autel installé au centre du chœur et non plus adossé à celui-ci, préfigurant ainsi le Concile de Vatican II. Les poteaux porteurs séparent les trois vaisseaux de la nef et forment un arc de cercle entre le chœur et le déambulatoire. Deux chapelles latérales occupent les bras du transept.
André Lurçat précise ainsi son dessein : « Le plan (…) exprime la volonté d’orienter vers le chœur tous les regards des fidèles. Les formes architecturales des volumes intérieurs, de même que les couleurs dégradées vers le blanc du chœur, tendent par leur disposition, à accuser cette volonté ; de plus, dès l’entrée, le regard perçoit l’éclairement intense du chœur, encore accusé par la pénombre du déambulatoire, mais n’en voit pas le plafond, e qui contribue à renforcer encore le sentiment d’élévation et d’infini ».
La nef est éclairée, depuis la façade, par une grande verrière de 14 mètres sur 6 mètres, composée de cubes de verre Primalith et le chœur par un oculus zénithal en béton translucide.
A l’extérieur, écrit André Lurçat : « le porche est surmonté d’une accolade, forme plus noble que la dalle horizontale. Elle appelle et accueille ». Le tympan du porche est décoré par une mosaïque colorée, représentant l’histoire de Pierre “pêcheur d’hommes” et de Paul “persécuteur converti “; mosaïque réalisée par Schmidt-Chevallier d’après les cartons du tapissier Jean Lurçat, frère de l’architecte.
Les statues des saints Pierre et Paul sont du sculpteur Félix Roulin, mises en œuvre par le marbrier Pouillon. Les mosaïques intérieures par Catherine Lurçat, fille de l’architecte.
Le campanile, haut de 43 mètres, est en béton armé. Il est éclairé sur deux côtés par des pavés de verre. Il est flanqué d’une petite tour cylindrique contenant l’escalier d’accès au carillon. se termine par un volume parallépipédique bordé de lames en béton s’ouvrant légèrement vers le haut.
JL V
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